Claude Lorius, pionnier de la glaciologie, est décédé le mardi 21 mars à l’âge de 91 ans. Homme central dans l’avancée des sciences sur la question du réchauffement climatique, il est à ce titre, le seul Français à avoir reçu le prestigieux Blue Planet Prize en 2008, à Tokyo.
L’histoire retiendra de sa vie, l’anecdote d’une formidable intuition. Un jour de 1965, après une journée de carottages ratée, Claude Lorius boit un verre de whisky avec un chercheur australien, Bill Budd, près de la base Dumont d’Urville en Terre Adélie (la partie française du continent blanc). En regardant les bulles produites par l’air comprimé dans le glaçon de banquise, il se dit que si on pouvait extraire et analyser l’air contenu dans la glace, on aurait là les archives de l’atmosphère. L’idée est à l’origine de tout ce que l’on sait aujourd’hui en climatologie et notamment de la conclusion que le changement climatique est d’origine anthropique.
Il a fallu alors vingt ans avant que l’intuition de Claude Lorius produise ses conclusions inattendues. Il a poussé les Américains (qui ont les avions) à aller chercher à la station Vostok les carottes des Soviétiques (qui ont les forages les plus profonds) pour les rapporter en France. Les équipes du laboratoire de Grenoble, qu’il a fondé, et celles du climatologue Jean Jouzel, à l’Ecole polytechnique, ont mis au point une technique pour analyser l’air piégé dans la glace. Les chercheurs ont pu observer les deux courbes : celle de la température à la surface de la Terre sur des milliers d’années et celle de la teneur en gaz carbonique. Les deux courbes sont strictement parallèles, révélant ainsi que la civilisation industrielle est responsable du réchauffement climatique et que ce dernier s’accélère de manière exponentielle.
La découverte de Claude Lorius est considérable et d’une grande importance pour la science. Bien qu’il ait fallu du temps pour comprendre sa théorie, elle est maintenant largement acceptée et reconnue. Les recherches qu’il a menées sur la glace permettent aujourd’hui de mieux comprendre les changements climatiques et c’est grâce à lui que la prise de conscience de la gravité de la situation climatique a été possible.
La mort de Claude Lorius est une perte immense pour la science et pour l’environnement en général. C’est grâce à des hommes comme lui, passionnés et déterminés, que nous pouvons espérer un futur meilleur pour notre planète.
Mots-Clés: Claude Lorius, glaciologie, réchauffement climatique, Blue Planet Prize.