Les tensions entre Mayotte et les Comores s’accentuent. Le refus d’accoster des bateaux en provenance de Mayotte a été annoncé par les autorités comoriennes le lundi 24 avril, alors que le gouvernement français s’apprête à lancer l’opération « Wuambushu », visant à expulser massivement les étrangers en situation irrégulière et à détruire les bidonvilles.
Le ministre de l’Intérieur de l’archipel comorien, Fakridine Mahamoud, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que « Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne ». De leur côté, les services maritimes ont confirmé que le port de Mutsamudu (sur l’île comorienne d’Anjouan) n’était pas en mesure d’opérer sur l’embarquement et débarquement de passagers du jour jusqu’au 26 avril.
La France a prévu de déloger les migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte dans l’océan Indien et d’expulser les Comoriens présents illégalement sur le territoire vers l’île comorienne la plus proche, Anjouan. Quelque 1 800 policiers et gendarmes sont déjà sur place pour l’opération « Wuambushu » du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Les Comores ont déclaré la semaine dernière ne pas avoir l’intention d’« accueillir des expulsés issus de l’opération ». Le président comorien, Azali Assoumani, a dit espérer « que l’opération sera[it] annulée », reconnaissant « n’avoir pas les moyens de [la] stopper par la force ». Les Comores se sont engagées dans un accord signé en 2019 à « coopérer » avec Paris sur les questions d’immigration en échange d’une aide au développement de 150 millions d’euros.
De nombreux migrants africains, certains comoriens, périssent régulièrement dans des naufrages en tentant chaque année de rallier clandestinement Mayotte, notamment à bord de petites embarcations de pêche à moteur appelées « kwassa kwassa ». Située entre Madagascar et la côte est-africaine et faisant géographiquement partie de l’archipel comorien, Mayotte s’est séparée des Comores en 1974 lors d’un référendum où les trois autres îles ont choisi l’indépendance. Elle est devenue département français en 2011 et l’Union des Comores refuse toujours d’y reconnaître la souveraineté de la France. Selon l’Institut national des statistiques français (Insee), près de la moitié des 350 000 habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers de l’île y sont nés.
Mots-clés: Comores, Mayotte, expulsions, bidonvilles, Wuambushu, migrants, naufrages.