Un jeune homme de 21 ans, Tony Quillardet, étudiant en master de politiques publiques à l’université Paris Panthéon-Assas, se distingue dans un environnement où peu de parcours ressemblent au sien. Fonder un projet social comme Parlons d’eux, tout en poursuivant ses études, témoigne d’un engagement remarquable. Loin d’être anecdotique, son récit met en lumière des enjeux cruciaux concernant l’avenir des jeunes issus de l’aide sociale à l’enfance.
C’est dans un café du 6e arrondissement de Paris, à proximité de son université, que Tony s’est confié. Bien qu’arrivé avec un peu de retard en raison d’un cours prolongé, il partage son enthousiasme : « Je suis super-épanoui, pourtant rien ne me prédestinait à ces études. » Cet enthousiasme contraste avec son parcours personnel. En effet, dernier d’une fratrie de cinq enfants, il a vécu éloigné de ses frères et sœurs, placés en famille d’accueil ou en foyer dès leur jeune âge. Pour sa part, Tony a également été placé entre 7 et 18 ans. Contre toute attente, il est le seul de sa famille à avoir décroché son brevet, réussi à passer le baccalauréat avec mention bien, avant d’obtenir une licence de droit à Dijon.
L’accès à l’éducation pour les jeunes ayant vécu dans l’aide sociale à l’enfance demeure un défi majeur. À peine 12 % de ces jeunes obtiennent un baccalauréat général ou un diplôme de l’enseignement supérieur, comme l’indique une étude menée par France Stratégie en septembre. Cela représente un chiffre alarmant, trois fois moins que chez la population générale. En outre, 30 % de ces jeunes n’atteignent même pas le niveau du CAP ou du BEP, un constat frappant face à un taux de 13 % pour l’ensemble des jeunes. Les implications de ces statistiques sont profondes, rendant d’autant plus nécessaire un objectif d’inclusion scolaire pour ces jeunes, selon les conclusions des chercheurs.
Des initiatives pour un avenir meilleur
La loi Taquet de 2022 a été une avancée significative : elle impose la prise en charge des majeurs de moins de 21 ans sans ressources suffisantes, mais cela reste insuffisant pour garantir un avenir stable. En effet, jusqu’alors, ces jeunes étaient contraints de quitter le dispositif de l’ASE à leur majorité, risquant ainsi de sombrer dans la précarité. La réussite scolaire doit devenir un objectif explicite du placement
, soutiennent les experts, soulignant l’importance d’un accompagnement accru.
Dans ce contexte, Tony Quillardet représente une lueur d’espoir. Son succès et son engagement à créer des projets sociaux témoignent de l’importance de donner aux jeunes des opportunités adéquates. « Ce n’est pas seulement une question de diplôme, mais d’une véritable perspective de vie, » souligne-t-il. La façon dont ces jeunes sont soutenus peut radicalement changer leur chemin de vie.
Parlons d’eux : un projet porteur de sens
Dans ce cadre, l’initiative de Tony, Parlons d’eux, vise à sensibiliser et à mobiliser l’opinion publique sur les difficultés rencontrées par les jeunes placés. Cette démarche illustre également l’importance d’intégrer des témoignages d’expérience vécue dans les débats publics, afin de briser les stéréotypes associés à l’aide sociale et promouvoir une réelle inclusion.
Les projets comme celui-ci montrent qu’avec des efforts et des ressources adaptées, il est possible de transformer des vies. Cela passe aussi par un élan collectif pour soutenir ces jeunes et leur permettre de s’épanouir dans un cadre favorable. En engendrant des discussions sur ces questions critiques, on commence à voir des changements positifs à long terme dans le système.
Les perspectives d’avenir
En conclusion, le portrait de Tony Quillardet illustre la complexité du parcours des jeunes issus de l’ASE et les enjeux qui leur sont associés. Alors que des lois récentes semblent promettre des améliorations, la route est encore longue. Les efforts doivent continuer pour garantir que chaque jeune ait la chance de réussir et de contribuer à la société.
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