Salomé Saqué, autrice et journaliste chez Blast, participera à une grande assemblée du journal Le Monde le dimanche 23 mars dans le cadre du festival « Nos futurs ». Elle discutera avec des experts autour du thème « Comment éduquer nos parents ? », en compagnie du médecin psychiatre Jean-Victor Blanc, de la sociologue Camille Masclet et du docteur en sciences du langage Rémi Soulé. Ce débat s’annonce crucial, surtout face aux défis intergénérationnels contemporains.
Ne pas créer un fossé entre les générations est essentiel pour Salomé Saqué. Dans son livre Sois jeune et tais-toi, elle souligne que les plus âgés possèdent une sagesse précieuse à transmettre, mais il est tout aussi important que les jeunes soient écoutés. Les jeunes, souvent victimes d’un discours qui les présente comme incultes et hypersensibles, ont en réalité beaucoup à offrir sur des sujets d’actualité, et leurs points de vue doivent être pris en compte.
Les défis du discours intergénérationnel
Dans notre société actuelle, une certaine dichotomie se dessine entre les jeunes et les générations précédentes. Tandis que les aînés sont souvent célébrés pour leurs luttes qui ont permis des avancées sociales significatives, la jeune génération se heurte à des perceptions réductrices de sa parole. Il est crucial de prendre en compte la vision des jeunes
, déclare Saqué, qui insiste sur la nécessité d’accorder une valeur à leurs réflexions. Ainsi, les luttes contemporaines se heurtent parfois à un incompréhension marquée, notamment dans le domaine des violences sexistes et sexuelles où des aînés minimisent des enjeux que les jeunes jugent inacceptables.
Cette polarisation de la perception et de l’expérience se reflète dans une multitude de domaines, y compris l’éducation sur la violence de genre. Salomé Saqué appelle à une éducation qui ne perpétue pas les stéréotypes. Elle souligne que malgré des progrès, il reste un long chemin à parcourir pour que les schémas de genre soient réellement remis en question.
Les statistiques alarmantes sur la perception du genre
Les chiffres dévoilés par le Haut Conseil à l’Égalité sont inquiétants. En effet, plus d’un homme sur cinq, âgé de 25 à 34 ans, estime que le fait d’avoir un salaire supérieur à celui de sa collègue à poste égal est normal. Les jeunes femmes, quant à elles, se sentent souvent lourdement marquées par des stéréotypes : trois quarts d’entre elles ressentent ce poids, tandis que cela concerne seulement la moitié des jeunes hommes. De plus, la moitié des femmes se montre favorable à l’écriture inclusive, contre 17 % des hommes. Ces chiffres illustrent la nécessité d’un dialogue ouvert et franc, surtout lorsque l’on considère que 36 % des hommes pensent qu’une femme peut éprouver du plaisir à être humiliée.
Éduquer les parents pour un avenir inclusif
Face à la pression croissante et à la propagation d’un discours masculiniste, il est fondamental que les parents prennent conscience des enjeux actuels et s’engagent dans un dialogue avec leurs enfants. Cela passe par une écoute attentive et un intérêt pour les problématiques auxquelles les jeunes sont confrontés, notamment sur les réseaux sociaux. Les parents doivent rester connectés à ces réalités
, avertit Saqué, qui souligne que la dérégulation opérée par l’administration Trump sur les réseaux sociaux laisse la voie libre à de plus en plus de contenus haineux.
Il est préoccupant de constater que certains jeunes semblent se radicaliser, alors que d’autres avancent vers une tolérance accrue sur des sujets comme le racisme et le féminisme. Ce constat met en lumière la complexité et la pluralité de la jeunesse d’aujourd’hui, comme le note le sociologue Vincent Tiberj dans ses travaux.
La solidarité intergénérationnelle, un levier essentiel
Un autre aspect que Salomé Saqué remet en lumière est la question de la solidarité familiale. Les jeunes, souvent dépendants de leurs parents, se retrouvent dans une situation délicate lorsqu’il existe des tensions au sein de la famille ou que les parents ne peuvent pas les soutenir financièrement. Les jeunes adultes, entre 18 et 25 ans, doivent naviguer dans un système où leur autonomie financière est limitée, et les aides sociales sont souvent liées aux revenus parentaux. Cela souligne une nécessité cruciale : établir des ponts de solidarité intergénérationnelle, où les parents pourraient non seulement soutenir financièrement mais également émotionnellement leurs enfants.
En somme, la rencontre entre les générations doit se faire sur un terrain de dialogue et d’écoute. Les jeunes ont le potentiel de transformer nos sociétés vers une plus grande égalité, mais cela nécessite un engagement véritable et une volonté d’apprendre de la part de tous. L’avenir dépendra de cette capacité à créer des espaces de partage et de compréhension mutuelle.
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