lundi 16 septembre 2024
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Le Canada en feu : la bombe écologique qui fait trembler le monde

Le chef des pompiers de Hinton, Mac de Beaudrap, et un agent de la GRC saluent les résidents de retour à Jasper, en Alberta, le vendredi 16 août 2024. AMBER BRACKEN / AP

Des incendies sans précédent ont catapulté le Canada parmi les quatre premiers pays émetteurs de gaz à effet de serre au monde l’année dernière, d’après une recherche divulguée mercredi 27 août par Nature Ecology & Evolution. Cette étude remet en question la probabilité future des forêts du pays de capturer et stocker des quantités notables de dioxyde de carbone. En 2023, un nombre significatif de feux ont ravagé le Canada, avec 15 millions d’hectares – soit 4 % de la superficie forestière totale – en proie aux flammes et plus de 200 000 individus évacués.

Analyser les données satellitaires relatives à la présence de carbone dans les panaches de fumée des incendies ayant sévi de mai à septembre 2023 a permis aux chercheurs de déterminer que 2 371 mégatonnes de dioxyde de carbone (CO2) et de monoxyde de carbone (CO) ont été libérées. Le Canada a ainsi grimpé du onzième au quatrième rang parmi les plus grands émetteurs de CO2, après la Chine, les États-Unis et l’Inde.

Les scientifiques mettent en garde que le temps chaud et sec à l’origine de ces incendies risque de devenir la norme d’ici 2050, et qu’il est probable d’assister à une augmentation de l’activité des incendies. Cette prévision amène à se demander si des feux potentiellement plus fréquents et intenses au cours des prochaines décennies ne viendront pas réduire la capacité des forêts canadiennes à servir de puits de carbone.

La forêt boréale canadienne regorge de carbone séquestré, et le renouveau de la végétation des zones incendiées entraîne généralement une réabsorption du carbone libéré par les feux. Cependant, l’accroissement de la taille et du nombre des incendies, couplé à des sécheresses dans certaines zones, risque de retarder la régénération des forêts et d’entraver l’absorption du carbone.

Il est crucial pour le Canada d’ajuster à la baisse ses émissions autorisées de combustibles fossiles pour compenser la réduction de l’absorption de carbone par les forêts. Le gouvernement canadien s’est engagé dans le cadre de l’accord de Paris à réduire de 40 à 45 % les émissions de carbone d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Avec l’activité humaine ayant un impact sur le réchauffement planétaire, la fréquence et l’intensité des incendies de forêt extrêmes ont plus que doublé dans le monde entier au cours des deux dernières décennies, selon une autre étude parue en juin dans la même revue.

Bien que la saison des feux de forêt au Canada ait été relativement plus calme cette année, certaines régions ont été durement touchées, à l’instar de la cité touristique de Jasper, située dans l’ouest du pays, partiellement dévastée en juillet.

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