Les talibans, en plus de priver les filles d’accès à l’éducation, s’approprient l’aide financière d’urgence envoyée de l’étranger pour fournir un minimum d’éducation. C’est ce qu’a révélé l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar) début octobre. L’agence était chargée par le Congrès américain de surveiller l’utilisation des fonds américains. Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, les États-Unis ont versé 185 millions de dollars pour l’aide éducative en Afghanistan, l’un des pays les plus pauvres et touché par la famine et la sécheresse.
La situation en Afghanistan est devenue un véritable apartheid basé sur le genre. Les filles sont désormais interdites d’accès aux lycées et aux universités, et une ségrégation entre les sexes est imposée dans tous les espaces publics. Cette politique a conduit à la fuite de 81 000 enseignantes sur un total de 226 000 enseignants, provoquant un effondrement du système éducatif déjà fragile. Incapables de payer l’ensemble des enseignants et d’entretenir les bâtiments scolaires, les mollahs édictent des diktats qui rendent impossible l’adaptation du système scolaire.
Face à cette situation, les ONG afghanes et internationales ont mis en place des systèmes d’éducation parallèle pour venir en aide aux filles. Grâce au soutien financier étranger, les communautés rurales, qui ont pu profiter des avantages de l’éducation au cours des vingt dernières années, ont créé des écoles communautaires et développé l’éducation à distance via des programmes radio. Le programme Girls’Education Challenge de l’Usaid a, par exemple, permis d’accueillir 5 100 élèves au sein de 188 écoles communautaires privées et de classes d’apprentissage accéléré.
Ce système d’éducation parallèle est précaire, mais il a réussi à attirer une aide financière étrangère importante. Cependant, cette manne financière suscite également l’intérêt des talibans, dont le régime fait l’objet de lourdes sanctions internationales. En août, le Sigar a mené une enquête auprès des ONG chargées de suivre les projets d’écoles communautaires. Il a découvert que les talibans prélevaient des taxes sur les salaires des enseignants et obligeaient les ONG à s’approvisionner auprès de magasins tenus par des islamistes. De plus, des manuels scolaires et des fournitures destinés aux écoles ont été retrouvés en vente sur les marchés locaux après avoir été volés ou détournés.
La situation en Afghanistan est donc préoccupante en ce qui concerne l’accès à l’éducation pour les filles. Malgré les efforts des ONG et des communautés pour maintenir un système éducatif parallèle, les talibans s’approprient les fonds et les ressources destinés à l’éducation des filles. Cette réalité souligne l’importance de continuer à soutenir les initiatives éducatives en faveur des filles en Afghanistan, ainsi que la nécessité de faire pression sur les talibans pour qu’ils garantissent un accès équitable à l’éducation pour tous les enfants du pays.
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