La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a récemment pris la parole lors de la présentation du nouveau collège des commissaires au Parlement européen, à Strasbourg, le 27 novembre 2024. Ce jour-là, le Parlement a voté massivement en faveur de cette nouvelle équipe, qui entrera officiellement en fonction le 1er décembre. Cette décision intervient alors que l’Europe se prépare à affronter des défis majeurs, notamment le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les conséquences de la guerre en Ukraine, et les tensions commerciales croissantes avec la Chine.
À l’issue d’un scrutin qui a rassemblé 370 voix pour, 282 contre et 36 abstentions, Ursula von der Leyen a souligné l’urgence d’agir. « L’Europe n’a pas de temps à perdre », a-t-elle affirmé, en plaçant la compétitivité au cœur des priorités européennes pour réduire l’écart économique avec les États-Unis et la Chine. Pour elle, « notre liberté et notre souveraineté dépendent plus que jamais de notre puissance économique ».
Des enjeux de défense amplifiés
Dans le contexte international actuel, Ursula von der Leyen a également mis en exergue l’impératif d’accroître les dépenses militaires européennes. « Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette équation », a-t-elle indiqué en comparant les dépenses militaires de la Russie, représentant jusqu’à 9 % de son PIB, à celles de l’Europe, limitées à 1,9 %. Cette évaluation souligne la nécessité de renforcer les capacités de défense de l’UE, surtout face à un possible retrait des États-Unis en Ukraine avec la réélection de Donald Trump.
Préparer l’Europe à de nouveaux défis
Luigi Scazzieri, analyste au Centre for European Reform, insiste sur le fait que le retour de Trump représente « le défi le plus urgent » pour l’Union européenne. Deux axes principaux s’affichent : le commerce, avec la menace de droits de douane accrus sur les produits européens, et « la sécurité », à cause des effets de la guerre en Ukraine. Ce contexte économique et sécuritaire accentue la pression sur la nouvelle Commission pour qu’elle agisse rapidement et efficacement.
Des tensions politiques au sein du Parlement
La composition de cette nouvelle Commission n’a pas été sans controverse. Les débats au sein du Parlement européen ont révélé des fractures, surtout concernant la nomination de Raffaele Fitto (Fratelli d’Italia), ce qui a poussé certains groupes, notamment à gauche, à s’inquiéter du rapprochement avec l’extrême droite. Ursula von der Leyen a défendu sa décision de nommer Fitto, affirmant que « c’est un choix que j’ai fait » pour renforcer les relations avec l’Italie.
Il a fallu plusieurs jours de négociations pour parvenir à un consensus. Finalement, les grands groupes politiques comme le PPE (droite), Renew (centristes) et les sociaux-démocrates ont réussi à sceller un accord, une première en deux décennies. Notamment, Kaja Kallas, l’ancienne première ministre estonienne, a été désignée cheffe de la diplomatie de l’UE, tandis que le centriste français Stéphane Séjourné et la socialiste espagnole Teresa Ribera obtiennent des rôles majeurs, établissant ainsi une grande diversité au sein de la Commission.
Un équilibre politique délicat
En dépit des succès, cette nouvelle Commission penche clairement à droite, avec une majorité de portefeuilles attribués au PPE. Manfred Weber, son chef, a exprimé sa satisfaction en qualifiant cette équipe de « très équilibrée », bien qu’il ait dû balayer les accusations de collaboration avec l’extrême droite. « Il y a des lignes rouges », a-t-il stipulé, clarifiant qu’aucune coopération ne sera possible avec ceux qui ne respectent pas les principes fondamentaux de l’Europe. De son côté, Iratxe Garcia Pérez, chef des sociaux-démocrates, a insisté sur la nécessité de garantir la « stabilité » en Europe, tout en rappelant que son soutien ne serait « pas un chèque en blanc ».
Une réponse face aux critiques
Les critiques envers cette nouvelle équipe proviennent également de l’extrême droite, comme en témoigne le rejet de Jordan Bardella qui a qualifié les nouveaux commissaires d’« inconnus » dictant la vie quotidienne de millions de citoyens. Cela souligne une des préoccupations face à une Commission qui doit se montrer réactive aux défis contemporains. Il est essentiel pour cette nouvelle équipe de trouver un équilibre entre répondre aux critiques tout en mettant en œuvre les politiques nécessaires pour l’avenir de l’Europe.
L’approbation de la nouvelle Commission européenne représente donc non seulement un tournant politique mais aussi une opportunité de renforcer l’avenir de l’Europe face à des défis globaux sans précédent. L’équipe de von der Leyen devra prouver sa capacité d’adaptation et d’innovation dans cette conjoncture tumultueuse.
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