Une scène spectaculaire a eu lieu à Wellington le 19 novembre 2024, lorsque Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, une députée maorie de seulement 22 ans, a suscité l’émoi en déchirant un projet de loi controversé, pour ensuite exécuter un Ka Mate haka, danse emblématique des Maoris. Cet événement s’est inscrit dans un contexte unique de mobilisation où des dizaines de milliers de Néo-Zélandais, maoris et non maoris, ont manifesté pacifiquement ihre soutien traditionnel devant le Parlement, soulignant les enjeux cruciaux liés à la modification du traité de Waitangi.
Au cœur de cette affaire, le 14 novembre, le Parlement néo-zélandais a adopté un projet de loi porté par David Seymour, responsable du parti libertarien ACT. Ce texte contesté remet en question la portée du traité de Waitangi, signé en 1840, qui est perçu comme le socle des droits des Maoris. Énonçant que les droits garantis par ce traité étaient applicables à tous les citoyens, le projet a révélé des tensions au sein de la société néo-zélandaise, particulièrement préoccupantes au regard de l’histoire coloniale du pays.
Une mobilisation inédite
La manifestation du 19 novembre a marqué un tournant dans l’engagement des Néo-Zélandais pour le respect des droits des Maoris. Plus de 50 000 personnes, vêtues de habits traditionnels, ont parcouru de longues distances jusqu’au Parlement, évoquant la force de cette unité. « Nous montrons une fois de plus notre détermination à défendre nos droits »,
a déclaré Maipi-Clarke, illustrant ainsi l’importance du mouvement. Ce rassemblement exceptionnel montre non seulement l’attachement à un passé culturel riche, mais aussi la volonté de préserver les droits autochtones face à un changement potentiel du cadre législatif.
Impact du projet de loi sur le traité de Waitangi
Le traité de Waitangi, souvent désigné comme l’acte fondateur de la Nouvelle-Zélande, a été signé entre la Couronne britannique et les chefs maoris. Il garantit les droits des Maoris sur leurs terres et établit la responsabilité de la Couronne pour protéger leurs traditions. Cependant, le projet de loi de David Seymour envisagerait de réduire cette protection, en permettant entre autres de revoir les décisions judiciaires prises dans les années 1960 et 1970 visant à réparer des injustices passées. Ce retour en arrière a été interprété comme une tentative de réduire les droits spécifiques accordés aux Maoris, un sujet sensible pour beaucoup en Nouvelle-Zélande.
Les réalités socio-économiques des Maoris
Malgré les avancées en matière de droits, les Maoris continuent de faire face à des défis socio-économiques majeurs. Le rapport 2023 de Health New Zealand révèle un écart alarmant en termes d’espérance de vie, avec une différence de huit ans chez les hommes et de sept ans chez les femmes par rapport à la population générale. Les disparités en matière de pauvreté, de chômage et d’incarcération sont également préoccupantes. « Nous ne pouvons pas vivre de manière égale si un peuple, les autochtones, vit “moins que” »,
a souligné Debbie Ngarewa Packer, codirigeante du Te Pati Maoi, soulignant l’urgence de la situation.
Un avenir incertain
Le débat autour du projet de loi s’intensifie, reflétant des perspectives divergentes parmi la population. Alors que certains soutiennent une approche d’égalité pour tous, d’autres, comme Maipi-Clarke, insistent sur la nécessité de reconnaître les droits historiques des Maoris. Le traitement du dossier pourrait avoir des répercussions profondes sur le tissu social néo-zélandais. À l’image de la mobilisation observée le 19 novembre, il est clair que la défense des droits des Maoris est plus qu’un simple débat législatif ; il s’agit d’une lutte pour la justice sociale et l’égalité dans un pays encore en quête d’une véritable réconciliation entre ses peuples.
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