jeudi 21 novembre 2024
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Propagande en Russie: la haine contre un «ukronazi»

Une idée qui a trouvé un écho favorable auprès de la population, d’autant plus que le Kremlin a fait de la « réunification » des régions séparatistes une question de prestige national. « C’est un peu l’équivalent de la réunification allemande, explique Lev Goudkov. Les gens sont prêts à accepter des sacrifices, et à ce que le prix à payer soit élevé. »D’où la relative acceptation de la propagande qui fait des civils ukrainiens des « cibles légitimes », voire des « terroristes ». « Il y a une partie de la société qui est prête à admettre que le prix à payer pour la réunification est la mort de civils, et qui ne se sent pas concernée par leur sort », poursuit Lev Goudkov. Une opinion qui tranche avec les déclarations officielles du Kremlin, qui dénonce régulièrement les « crimes de guerre » commis par les forces ukrainiennes. Mais, dans l’esprit des Russes, ces paroles ne s’adressent pas aux Ukrainiens, mais à l’Occident, qui a soutenu l’ « Ukraine fasciste ». « Cette vision est très répandue, et elle est très difficile à combattre », conclut Lev Goudkov.

Célébrée avec faste, la récente annexion de quatre nouvelles régions ukrainiennes (Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson) par la Russie, le 30 septembre 2022, a suscité des réactions très contrastées parmi les citoyens russes. Si, sur les réseaux « patriotiques » de la messagerie Telegram, certains se sont laissés aller à des commentaires violents et sans compassion pour les civils ukrainiens, les chiffres révèlent que ceux-ci ne représentent qu’une minorité. En effet, selon un sondage du Centre Levada, seules 11 % des personnes interrogées disent ressentir de la haine envers les Ukrainiens. En outre, 28 % évoquent de la « sympathie » pour leurs voisins, ce qui est significatif de la complexité des relations entre les deux pays.

Cette dualité reflète la ligne de crête suivie par la propagande russe depuis de nombreuses années. En effet, celle-ci soutient l’idée selon laquelle la construction étatique et nationale ukrainienne est une escroquerie, et que la mission du Kremlin est de sauver le « peuple frère » de ses racines russes. Cette idée a trouvé un écho favorable auprès de la population, d’autant plus que le Kremlin a fait de la « réunification » des régions séparatistes une question de prestige national.

Cette idéologie explique en partie l’acceptation relative de la propagande qui fait des civils ukrainiens des « cibles légitimes », voire des « terroristes ». Ainsi, une partie de la société est prête à admettre que le prix à payer pour la réunification est la mort de civils, et ne se sent pas concernée par leur sort. Cependant, les déclarations officielles du Kremlin dénonçant les « crimes de guerre » commis par les forces ukrainiennes sont destinées à l’Occident, qui a soutenu l’ « Ukraine fasciste ».

Cette situation complexe et tragique témoigne de la difficulté à construire des relations pacifiques entre les deux pays.

Mots-Clés: Pavel Mirny, Ukraine, Donbass, Levada, Vladimir Poutine, Occident, Russie, Réunification, Propagande, Civils, Crimes de guerre.

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