Le paysage des droits des femmes et des personnes LGBT+ en Pologne connaît des bouleversements significatifs. Alors que la Gay Pride se déroulait à Varsovie le 25 juin 2022, des changements notables sont à l’œuvre concernant la contraception d’urgence. La pilule du lendemain, qui a longtemps été soumise à une prescription stricte sous le gouvernement conservateur du PiS, devient progressivement plus accessible grâce à de récents décrets ministériels. Cependant, des défis persistent, tout comme les tensions au sein de la coalition gouvernementale actuelle.
La pharmacienne Beata, exerçant à Varsovie, témoigne de l’augmentation des demandes pour la pilule du lendemain depuis qu’elle a été rendue disponibles sur ordonnance dans de nombreux établissements médicaux depuis le 1er mai. Bien que la loi permette aux femmes dès 15 ans d’en obtenir, elle souligne que, dans la pratique, ce processus peut être plus complexe. « J’ai beaucoup de demandes pour des pilules du lendemain sur ordonnance », confie-t-elle, en ajoutant qu’elle demande souvent aux mineures de revenir avec un parent. Ce contretemps résulte d’une volonté de prudence dans l’octroi de ce type de contraception, malgré des changements législatifs récents.
Un décret pour briser le blocage présidentiel
Le gouvernement de centre droit dirigé par Donald Tusk, en place depuis décembre 2023, a dû faire appel à un décret ministériel pour surmonter le veto du président Andrzej Duda. Ce dernier, proche du PiS, s’est opposé à une loi qui aurait autorisé l’accès sans ordonnance aux pilules du lendemain pour les jeunes dès 15 ans. La coalition gouvernementale, formée de partis allant de la gauche aux agrariens, est confrontée à des divisions sur de nombreux sujets sociétaux. Les promesses électorales, telles que l’introduction d’une union civile pour les couples homosexuels ou la libéralisation de l’avortement, n’ont pas encore été concrétisées. Une proposition de dépénalisation de l’aide à l’avortement a même été bloquée récemment, illustrant les tensions internes de cette coalition.
Des avancées malgré des disputes internes
Alors que des progrès sont réalisés, comme l’amélioration des modalités concernant les fécondations in vitro et la révision de la définition du viol, qui intégrera la notion de consentement à partir de février 2025, la lutte pour les droits des femmes et des personnes LGBT+ demeure ardue. « Il était temps, et si c’est un vrai changement pour le mieux, il ne suffit pas », déclare Antonina Lewandowska, coordinatrice de la Fondation polonaise pour les femmes et la planification familiale, plaidant pour un changement de mentalité parmi les juges et les procureurs.
Un avenir incertain pour les droits des femmes
Le climat politique actuel en Pologne, marqué par une cohabitation souvent tendue entre le gouvernement et la présidence, complique la situation. Même lorsque des accords sur des projets de loi sont atteints entre les deux chambres du Parlement, le veto présidentiel demeure un obstacle de taille, entravant toute avancée significative dans le domaine des droits civiques. Pour les jeunes Polonaises et la communauté LGBT+, la lutte pour obtenir des droits fondamentaux se poursuit, en dépit des promesses de changement.
Le chemin vers une plus grande égalité en Pologne semble encore long, mais les initiatives récentes offrent un espoir pour un avenir où les libertés individuelles seront mieux protégées. La vigilance reste de mise dans ce contexte de tensions politiques croissantes et d’oppositions internes.
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