vendredi 22 novembre 2024
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Pegasus, Israël et le massacre d’étudiants mexicains: le scandale

Mais l’enquête de l’AIC est très vite entachée de graves irrégularités. Dès le début, M. Zeron et ses hommes n’ont pas hésité à utiliser Pegasus pour espionner les familles des étudiants et les militants des droits humains qui les soutiennent. En 2016, un rapport de Citizen Lab révèle l’existence d’une telle pratique, ce qui conduit M. Murillo Karam à déclarer que, si c’était vrai, « ça ferait de nous des salauds ». M. Zeron est alors contraint de démissionner et disparaît de la scène publique.

Espionnage au Mexique: l’utilisation du logiciel Pegasus

L’exposition « Top Secret » de la Cinémathèque française, qui se termine le 21 mai, propose une présentation où la réalité dépasse à bien des égards la fiction. Elle comprend trois vidéos réalisées par le groupe de recherche Forensic Architecture, avec le soutien de l’ONG Amnesty International et de la plate-forme Citizen Lab, sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus.

Une de ces vidéos traite du cas du Mexique et, plus précisément, de la « disparition » de quarante-trois étudiants, dans le sud-ouest du pays, en septembre 2014. Il est avéré que l’ancien juge Tomas Zeron, dont le rôle avait déjà été essentiel dans l’acquisition de Pegasus par les autorités mexicaines, a tout fait pour saboter l’enquête sur ce crime de masse. Le logiciel ciblait les familles et les défenseurs des victimes pour mieux les espionner. Malgré un mandat d’arrêt international, M. Zeron a pu trouver refuge en Israël, dont le gouvernement refuse de l’extrader vers le Mexique.

Le Monde a participé au « Projet Pegasus », une vaste enquête sur l’utilisation de ce logiciel mis au point et commercialisé par la société israélienne NSO. Il en ressort que « le Mexique a été le premier pays du monde à acheter le logiciel Pegasus », dès 2011, devenant « une sorte de laboratoire pour cette technologie d’espionnage ». Les deux premiers clients officiels de NSO au Mexique ont été deux agences de renseignement, opérant hors de tout contrôle judiciaire. Mais l’acquisition de Pegasus par le bureau du procureur général de la République, Jesus Murillo Karam, banalise l’utilisation de ce logiciel, avec quelque 15 000 personnes espionnées de 2014 à 2017.

L’homme-clé dans cette judiciarisation de Pegasus est M. Zeron, nommé en 2013 par M. Murillo Karam à la tête de la toute nouvelle Agence d’investigation criminelle (AIC). En septembre 2014, quarante-trois étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa, partis en autobus manifester à Mexico, « disparaissent » après avoir été attaqués par la police locale. M. Zeron est chargé, au nom de l’AIC, de faire toute la lumière sur ce drame qui suscite une immense émotion au Mexique.

Mais l’enquête de l’AIC est très vite entachée de graves irrégularités. Dès le début, M. Zeron et ses hommes n’ont pas hésité à utiliser Pegasus pour espionner les familles des étudiants et les militants des droits humains qui les soutiennent. En 2016, un rapport de Citizen Lab révèle l’existence d’une telle pratique, ce qui conduit M. Murillo Karam à déclarer que, si c’était vrai, « ça ferait de nous des salauds ». M. Zeron est alors contraint de démissionner et disparaît de la scène publique.

Mots-Clés: Jesus Murillo Karam, Tomas Zeron, Mexique, Israël, Ayotzinapa, Pegasus, NSO, Amnesty International, Citizen Lab, Forensic Architecture.

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