Malgré les rues quasi-désertes et les manifestations sporadiques dans les grandes villes, la junte birmane a décidé le mercredi 1er février de prolonger l’état d’urgence en vigueur dans le pays depuis le coup d’État survenu il y a deux ans. Le Conseil national de défense et de sécurité, composé de responsables militaires, a favorablement répondu à la demande du chef de la junte, Min Aung Hlaing.
Ce dispositif d’exception avait été instauré après que les militaires aient renversé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, qui est désormais emprisonnée après avoir été condamnée à une série de procès à huis clos pour un total de trente-trois années de privation de liberté.
L’état d’urgence a été donc « prorogé de six mois à compter du 1er février », a déclaré le président par intérim, Myint Swe. Ce dernier a ajouté que « le pouvoir souverain de l’État avait de nouveau été transféré au commandant en chef ».
Selon le chef de la junte, plus d’un tiers des 330 districts que compte la Birmanie échappent au « contrôle total » de l’armée. « Bien qu’il n’y ait pas d’actions de protestation en ce moment, la violence est toujours là », a-t-il ajouté, l’imputant à des « terroristes ».
La junte a également accusé ses opposants, dont les « Forces de défense populaire » (PDF) et un gouvernement fantôme animé par des députés du parti d’Aung San Suu Kyi, de chercher à prendre le pouvoir « par le soulèvement et la violence ».
Le chef de la junte a ensuite martelé que les élections ne pourraient se dérouler que quand la Birmanie serait « pacifiée et stable ». Toutefois, « l’armée sera toujours la gardienne des intérêts de l’État et du peuple (…) sous quelque gouvernement que ce soit », a-t-il pris soin de préciser.
L’ambassade des États-Unis a de son côté mis en garde contre une « augmentation des activités et des violences contre le régime » pendant les jours entourant l’anniversaire du coup d’État. A Bangkok, environ 400 manifestants pour la démocratie se sont rassemblés devant l’ambassade de Birmanie, certains scandant des slogans hostiles à l’armée et tenant des portraits d’Aung San Suu Kyi.
Les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, ont annoncé une nouvelle série de sanctions pour marquer cet anniversaire. Ces sanctions visent les membres de la junte et les entités qu’elle soutient.
Plus de 2 900 personnes ont été tuées dans la répression de la dissidence par l’armée depuis qu’elle a pris le pouvoir et plus de 18 000 ont été arrêtées, selon un groupe de veille local.
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