L’ex-ministre de la justice bolsonariste Anderson Torres a été arrêté samedi 14 janvier à l’aéroport de Brasilia, au Brésil, dans le cadre de l’enquête sur les violences qui se sont produites le 8 janvier dans la capitale. De plus, l’ancien président Jair Bolsonaro est lui-même directement visé pour son rôle possible dans le saccage d’institutions fédérales.
M. Torres, qui clame son innocence, est soupçonné de connivence avec les émeutiers, accusés d’avoir orchestré un remake de l’assaut du Capitole américain du 6 janvier 2021. La décision de le mettre en cause a été prise par le juge du Tribunal suprême fédéral, Alexandre de Moraes, qui a inclus M. Bolsonaro dans son enquête visant à découvrir les éventuels instigateurs de ces violences.
Selon le parquet général, Bolsonaro « a effectué une incitation publique à l’exécution d’un crime » en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo « mettant en cause la régularité de l’élection présidentielle de 2022 ». Cette vidéo a été publiée deux jours avant l’invasion du siège de la présidence, du Congrès et du Tribunal suprême fédéral par des milliers de bolsonaristes, et ensuite effacée.
Les avocats de M. Bolsonaro ont affirmé qu’il « n’a jamais eu le moindre lien (…) avec ces mouvements », et ont attribué les violences de Brasilia à des éléments « infiltrés ». Ils ont aussi dénoncé des dépenses excessives durant le mandat de l’ancien président, comme 20 000 euros déboursés en une fois dans un modeste restaurant du nord du Brésil ou 10 000 euros dans une boulangerie le lendemain du mariage de son fils.
En outre, un document de trois pages a été trouvé chez M. Torres. Ce dernier prévoyait que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), afin d’assurer la préservation et le rétablissement de la transparence et d’approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022. Une mesure considérée comme anticonstitutionnelle par de nombreux juristes. Le document n’était pas daté, mais le nom de M. Bolsonaro se trouvait à la fin, sur un espace prévu pour sa signature.
Ainsi, le projet de décret pourrait apporter « un lien de preuve » justifiant « une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2021 » par M. Bolsonaro. Des milliers de documents officiels ayant été cachés pendant cent ans par son prédécesseur, le gouvernement Lula a commencé à les divulguer.
Selon le sénateur de gauche Randolfe Rodrigues, leader du bloc parlementaire du gouvernement Lula à la Chambre haute, « pendant que trente-trois millions de personnes souffraient de la faim, ils préparaient un coup d’Etat ». Actuel ministre de la justice, Flavio Dino a déclaré que ce document était « l’un des maillons d’une chaîne putschiste ».
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