dimanche 24 novembre 2024
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Séisme au Maroc : des milliers de morts et peu de secours, les autorités refusent l’aide internationale

Pourquoi tant d’offres d’aide sont-elles restées lettre morte ?

Le séisme survenu dans la nuit du 8 au 9 septembre au Maroc a causé d’importantes destructions et fait près de 3 000 morts. Face à cette catastrophe, seules quelques équipes ont été autorisées à participer aux secours, laissant de nombreuses autres dans l’attente de l’aval des autorités de Rabat.

Dominique Angeloni, responsable de l’équipe de Secouristes sans frontières, a expliqué au journal Le Monde que les autorités marocaines ciblaient précisément les besoins sur place et demandaient aux ONG de répondre à des questions précises concernant les moyens humains et matériels qu’ils pouvaient apporter. Certaines équipes ont répondu à ces demandes et attendent désormais le feu vert des autorités pour intervenir.

Cependant, certaines ONG ont finalement renoncé à leur proposition d’aide, à l’instar de Secouristes sans frontières. Arnaud Fraisse, fondateur de l’ONG, explique que leur rôle est d’intervenir dans l’extrême urgence pour retrouver des survivants, ce qui est peu probable après quatre jours de tremblement de terre. Il précise également que les secouristes marocains sont bien mieux adaptés pour extraire les corps sans vie en respectant les us et coutumes locales. Arnaud Fraisse souligne cependant la tristesse de devoir renoncer à sauver des vies qui auraient pu être sauvées dans les premières heures de la catastrophe.

Ce genre de situation est fréquent pour les ONG qui interviennent en cas de catastrophe naturelle. Soit le pays fait appel à l’aide internationale, soit les ONG passent par les voies diplomatiques pour soumettre leurs propositions d’aide à l’ambassade du pays concerné. Dans le cas présent, une centaine d’équipes de secours ont proposé leur aide, mais les autorités marocaines ont fait leur choix et ont limité l’arrivée d’équipes de secours.

Le fondateur de Secouristes sans frontières laisse entendre que cette décision pourrait être liée à une possible brouille entre la France et le Maroc. Il rappelle qu’en 1988, suite au séisme en Arménie, les ONG avaient essuyé un refus d’aide de la part des autorités, qui avaient finalement accepté celle des États. À l’inverse, en 1993 en Inde, les autorités ont accepté l’aide des ONG mais pas celle de la Sécurité civile. Les ONG sont donc souvent tributaires de la situation diplomatique.

Quant aux villages qui n’ont pas encore vu d’équipes de secours, Arnaud Fraisse ne peut pas vérifier cette information. Il estime toutefois que les besoins sont probablement couverts par les équipes qui ont été acceptées par les autorités.

Le Maroc a probablement voulu éviter un engorgement des secours, comme cela s’est produit lors du séisme d’Al Hoceima en 2004. Si toutes les équipes ayant manifesté leur volonté d’aide avaient été acceptées, cela aurait engendré une affluence de 3 000 à 3 500 personnes sur place du jour au lendemain, ce que l’aéroport de Marrakech ne pouvait pas gérer. De plus, il aurait fallu de nombreux camions pour transporter les secouristes dans les villages sinistrés, situés à trois heures de route de Marrakech.

Malgré les difficultés logistiques, Arnaud Fraisse pense que les autorités marocaines auraient pu accepter un peu plus d’aide de la part des pays européens quelques heures après le séisme. Il rappelle toutefois que les ONG doivent faire face à des refus d’aide dans certaines circonstances, comme cela a été le cas en Algérie en 2003, lorsque toutes les équipes de secours présentes ont été priées de quitter le pays rapidement.

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