mercredi 16 octobre 2024
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Cri de désespoir en Côte d’Ivoire : l’avenir du cacao en péril !

Le renouveau du secteur du cacao en Côte d’Ivoire se joue sur un fil délicat, entre exigences environnementales pressantes et besoins des producteurs. Le 30 septembre 2024, le ministre de l’Agriculture a annoncé une hausse du prix d’achat du cacao fixé à 1 800 francs CFA le kilo, une mesure qui, bien que bienvenue, semble insuffisante au regard des attentes exprimées par les planteurs. Avec de nouvelles normes en vigueur pour protéger l’environnement et la population, le pays se retrouve dans une situation complexe où il doit faire face à la pression de l’Union européenne sur la déforestation tout en préservant les conditions de vie de ses agriculteurs.

Le gouvernement ivoirien a récemment dû composer avec des demandes croissantes d’équité dans le secteur du cacao. Le prix d’achat du cacao à 1 800 francs CFA le kilo marque une augmentation significative de 20 % par rapport à la période précédente. Malgré cette hausse, les planteurs demeurent insatisfaits. Ils espéraient un ajustement plus conséquent en lien avec l’envolée des prix mondiaux, où le cacao se vendait environ 10 000 dollars la tonne en avril 2024. Cette frustration résulte également de la perception d’un décalage entre les bénéfices des cours mondiaux et les décisions prises au niveau gouvernemental.

Un secteur en mutation face aux défis environnementaux

Pour la Côte d’Ivoire, leader mondial en matière de production de cacao, l’enjeu est de taille. Le pays doit jongler avec la nécessité de préserver son écosystème, ayant déjà subi la disparition de 80 % de sa couverture forestière. Les nouvelles normes, notamment la réglementation européenne interdisant l’importation de produits résultant de la déforestation (RDUE), imposent une transformation radicale du mode de production. À partir du 1er janvier 2025, une mise en conformité avec ces normes sera essentielle, d’autant que l’Europe absorbe environ 60 % du cacao ivoirien.

Les mesures de déforestation et leurs impacts sur les producteurs

Avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle norme de lutte contre la déforestation, le gouvernement a intensifié ses efforts pour éradiquer les pratiques agricoles illégales, comme en témoigne l’opération de « déguerpissement » survenue à Bouaflé. Cette action, menée le 17 septembre, a vu la destruction de 42 campements, laissant plusieurs familles sans possibilité de relogement. Thibault Yoro, porte-parole d’une centrale syndicale agricole, dénonce le recours excessif à la force et évoque le tollé déclenché par ces évacuations, qui ont lourdement impacté la vie des agriculteurs.

Bien que le ministre des Eaux et Forêts, Laurent Tchagba, ait annoncé la suspension de ces expulsions au regard des tensions engendrées, il rappelle également aux occupants des terres illégalement cultivées qu’ils doivent quitter les sites touchés. Ces évacuations représentent un dilemme pour les autorités : préserver les forêts tout en soutenant les planter des cacaos déjà vulnérables.

Appel à la coopération internationale

En réponse à la situation précaire des coopératives de cacao, la centrale syndicale a demandé un report d’un an de l’application des normes européennes, arguant que la majorité des coopératives ne sont pas prêtes à se conformer aux exigences de traçabilité. Les coûts élevés de mise aux normes, estimés entre 24 000 et 37 000 euros par coopérative, ajoutent à la complexité de la situation. Les producteurs craignent des « déguerpissements » violents pointant du doigt le déséquilibre entre la nécessité de protéger la nature et l’équité envers des familles déjà éprouvées.

Thibault Yoro clame : Il est primordial de préserver la nature. Mais je ne pense pas que l’Europe veuille que cela se fasse au prix d’une catastrophe humaine. Cette déclaration souligne l’urgence d’un dialogue entre les autorités ivoiriennes et l’Europe pour trouver des solutions durables qui respectent à la fois l’écosystème et les droits des producteurs.

Mots-clés: cacao, Côte d’Ivoire, prix d’achat, environnement, déforestation

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