Deux nouveaux naufrages ont eu lieu au large de la Tunisie, vendredi 7 et samedi 8 avril, faisant respectivement vingt morts/disparus et trente-six personnes secourues, et quatre morts et trois disparus. Avec ces deux drames, le bilan s’élève désormais à plus de cent morts ou disparus depuis début mars, suite à une série de naufrages en Méditerranée. Selon Faouzi Masmoudi, porte-parole du tribunal de Sfax, trente-sept migrants étaient partis à bord de deux embarcations depuis le littoral au nord de Sfax. La justice a ouvert des enquêtes sur les circonstances des accidents et cherche à identifier les organisateurs de ces tentatives de traversée.
La Tunisie enregistre régulièrement des tentatives de départ de migrants, majoritairement originaires de pays d’Afrique subsaharienne, vers l’Italie. Les départs ont augmenté ces derniers mois, notamment après un discours violent du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’immigration clandestine. Depuis le début de l’année, plus de 14 000 migrants sont arrivés en Italie, contre un peu plus de 5 300 l’an dernier, et 4 300 en 2021, selon le ministère de l’Intérieur italien. Les chiffres de 2023 sont « en très forte hausse parce qu’il y a beaucoup plus de départs », a précisé Houssem Jebabli, porte-parole de la garde nationale tunisienne.
Le choix des embarcations est souvent le résultat d’une conjonction de facteurs économiques et politiques, ce qui peut expliquer pourquoi les migrants se tournent vers des embarcations rudimentaires et dangereuses. Les Organisations Internationales estiment que les tentatives de traversée en mer depuis la Tunisie ont augmenté de plus de 150 % depuis le début de l’année. Les sauvetages et interceptions de migrants se concentrent principalement dans les zones de Sfax et Mahdia, deuxième ville du pays.
La question migratoire est un enjeu majeur pour la Tunisie, car elle doit assumer la responsabilité humanitaire envers les migrants, tout en maintenant la sécurité de ses frontières. Les initiatives politiques récentes ont mis en lumière les tensions existantes, notamment l’augmentation de l’insécurité dans les quartiers mal-aimés et la stigmatisation des migrants.
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