La présence de la rébellion M23 dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), s’installe inexorablement. Bien que les forces ougandaises de la Force régionale des Etats d’Afrique de l’Est (EACRF) se soient déployées dans la ville de Bunagana en mars 2023, le M23 contrôle toujours des vastes zones que les forces armées de la RDC (FARDC) n’ont pas réussi à récupérer. Face à ce reflux partiel du M23, la présidence congolaise reste sur sa ligne de refuser toute négociation avec « une organisation terroriste » soutenue par « l’agresseur rwandais », malgré les pressions régionales qui s’accentuent pour asseoir à la même table rebelles et autorités. Pourtant, la question des négociations est très impopulaire en RDC, car elle est perçue comme un renoncement de souveraineté et un signe de faiblesse. Alors que 900 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis la reprise des hostilités du M23, Kinshasa refuse de dialoguer avec eux, sans tenir compte des conséquences humanitaires et des souffrances des populations locales.
Pour lutter contre cette instabilité qui dure depuis plus de deux décennies, les 16 000 casques bleus de la Monusco déployés depuis plus de vingt ans n’ont aucunement l’intention de se battre. Les intervenants extérieurs les plus impliqués, notamment l’EAC, l’Angola, les Etats-Unis, la France, s’appuient ainsi sur une architecture diplomatique vacillante. L’objectif immédiat est d’empêcher une guerre entre le Rwanda et la RDC. Cependant, les questions liées à l’accès aux ressources (foncières, minérales…), l’intégration des anciens rebelles, le désenclavement économique et social des régions orientales restent en suspens et sont des éléments déclencheurs de l’instabilité dans cette partie de la RDC.
La communauté internationale continue donc de privilégier l’option défensive, tandis que le M23 se réinstalle progressivement, ce qui contribue à la fragmentation de la RDC et à l’insécurité dans la région. La question de la résurgence de l’instabilité dans cette partie du pays suscite l’inquiétude de la population locale et des organisations humanitaires qui assistent à une intensification des tensions et des combats dans la région. Les prochains mois seront décisifs pour la stabilité dans cette partie de l’Afrique centrale.
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