L’horizon politique s’éclaircit pour les anciens opposants sénégalais Karim Wade et Khalifa Sall. Après de longues heures de débat à l’Assemblée nationale, une réforme a été adoptée, permettant à ces deux leaders politiques de se présenter à l’élection présidentielle de février 2024. Cette réforme stipule que les personnes frappées d’incapacité électorale, suite à une condamnation, peuvent désormais bénéficier de la réhabilitation ou d’une mesure d’amnistie ou de grâce, et donc avoir le droit de s’inscrire sur les listes électorales.
Cette décision fait suite à un dialogue national initié par le président Macky Sall en mai dernier. Les discussions ont également abouti à d’autres avancées, telles qu’une baisse du nombre de parrainages nécessaires pour les candidats à l’élection présidentielle, ainsi que la suppression de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, remplacée par un parquet financier.
Cependant, cette réforme soulève certaines interrogations. En effet, la question de l’inéligibilité d’Ousmane Sonko, un autre opposant politique, n’a pas été tranchée. Sonko, actuellement en détention, est inculpé notamment d’appel à l’insurrection. De plus, le retour sur le devant de la scène politique de Karim Wade et Khalifa Sall risque de créer des remous au sein de l’opposition.
Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite, avant d’être gracié et de s’exiler au Qatar, où il réside toujours. Khalifa Sall, quant à lui, était l’ancien maire de Dakar et avait été écarté de l’élection présidentielle de 2019 après avoir été condamné en 2018 à cinq ans de prison ferme pour détournements de fonds publics. Il a également bénéficié d’une grâce.
Cette décision suscite différentes réactions au sein de la classe politique sénégalaise. Saliou Sarr, coordonnateur national de Taxawu Sénégal, le parti de Khalifa Sall, s’est félicité de cette réforme, affirmant que son leader peut désormais exercer pleinement ses droits civils et politiques. Nafissatou Diallo, porte-parole du Parti démocratique sénégalais, précise que Karim Wade est électeur et éligible depuis août 2020, mais qu’il n’est toujours pas réinscrit sur le fichier électoral à ce jour.
Lors du vote à l’Assemblée nationale, les députés du parti Taxawu Sénégal ainsi que du Parti démocratique sénégalais ont soutenu la modification du texte de loi. Cependant, les députés du parti d’Ousmane Sonko, dissous par les autorités sénégalaises, ne se sont pas joints à eux et ont quitté l’Assemblée lors du vote.
Il reste donc encore des obstacles à franchir avant que la prochaine élection présidentielle puisse être considérée comme réellement inclusive. Ousmane Sonko, en détention, a été condamné dans deux autres procédures judiciaires, ce qui complique davantage sa situation. Dans une lettre adressée au greffier depuis la prison, il a notifié son « non-acquiescement au jugement », espérant ainsi pouvoir reprendre le procès à zéro.
En conclusion, la réforme adoptée permettant à Karim Wade et Khalifa Sall de se présenter à l’élection présidentielle de 2024 ouvre de nouvelles perspectives politiques au Sénégal. Cependant, cette décision soulève des questions quant à l’inéligibilité d’autres opposants, tels qu’Ousmane Sonko, et risque de provoquer des remous au sein de l’opposition. Il faudra donc suivre de près l’évolution de la situation politique dans les mois à venir.
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