Un fin rayon de soleil caresse délicatement la pelouse impeccable de Matignon. Chaque jour, un robot tondeuse immaculé, muet et invisible, la parcourt tranquillement, dans un mouvement presque hypnotique. De droite à gauche. De haut en bas. D’un côté à l’autre. En cette journée électorale, le dimanche 9 juin, Gabriel Attal et ses proches conseillers se sont retirés dans le pavillon de musique, au fond du jardin, que le Premier Ministre a élu comme résidence officielle depuis son arrivée à Matignon le 9 janvier. Son équipe – comprenant son directeur de cabinet, Emmanuel Moulin, sa directrice de cabinet adjointe, Fanny Anor, son chef de cabinet, Maxime Cordier, son conseiller aux affaires confidentielles, Antoine Lesieur, et son communicant, Louis Jublin – attend les résultats, qui s’annoncent peu encourageants, autour de sodas et de vin rafraîchissants.
En milieu d’après-midi, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, contacte son ami Emmanuel Moulin pour lui annoncer la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale. Cette information est immédiatement transmise au Premier Ministre. Les deux hommes sont abasourdis. Emmanuel Macron est incité par son entourage à informer son chef du gouvernement sans délai, mais le président prend son temps. Lorsqu’il appelle finalement Gabriel Attal, peu de temps avant la réunion politique prévue à l’Elysée à 19h15, ce dernier lui suggère de renoncer : « Je vous présente ma démission, servez-vous de moi comme bouclier. » En vain.
Comme beaucoup d’autres, le chef du gouvernement avait envisagé une dissolution plus tard, probablement à la rentrée. Mais pas maintenant, au pire moment, alors que le Rassemblement National (RN), sur le point de remporter une victoire historique, a le vent en poupe, selon ses propres termes, et que le monde entier est sur le point de se rendre à Paris fin juillet pour les Jeux olympiques. La conversation est brève. Gabriel Attal retourne vers ses conseillers, le visage blême. Deux d’entre eux fondent en larmes. « L’aventure se termine ici. » Ils sont surtout conscients du risque réel de voir le président du RN, Jordan Bardella, s’installer à Matignon, un endroit qui l’avait particulièrement intrigué en début d’année lorsque le Premier Ministre l’avait reçu, tout comme les autres chefs de parti.
Plus tard dans la nuit, les ministres arrivent à l’Elysée de manière échelonnée pour une réunion extraordinaire à 22 heures. Réunis dans un salon du rez-de-chaussée, le gouvernement est au complet, dans une atmosphère sombre et pesante. La photographe officielle de la présidence, Soazig de la Moissonnière, virevolte autour de la table pour capturer en noir et blanc les visages sombres et consternés. « À ce moment-là, tout le monde est en train de basculer dans le monde d’après », relate un ministre.
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