Russie : de l’agression en Europe à la défense des victimes de l’impérialisme en Afrique
Depuis plusieurs années, la Russie est sous le feu des critiques pour son rôle dans le conflit en Ukraine. Philippe Bernard, journaliste au Monde, souligne dans une chronique que la Russie est perçue comme une agresseuse en Europe, mais qu’elle parvient à se présenter en Afrique comme le défenseur des victimes de l’impérialisme.
Le conflit en Ukraine a débuté en 2014 avec l’annexion de la Crimée par la Russie et la déclaration d’indépendance des républiques autonomes de Donetsk et de Louhansk, soutenues par Moscou. Depuis, les combats ont fait plus de 13 000 morts et les accords de Minsk, signés en février 2015, n’ont pas réussi à ramener la paix dans la région.
Pourtant, la Russie continue d’affirmer qu’elle n’a pas de troupes en Ukraine et que les séparatistes locaux agissent de leur propre initiative. Pour Philippe Bernard, cette stratégie de déni permet à la Russie de se présenter comme une victime des accusations occidentales. Cependant, la presse russe elle-même a révélé l’implication de militaires russes dans le conflit, notamment avec la mort de soldats russes en Ukraine.
Paradoxalement, tandis que la Russie est perçue comme une agression en Europe, elle parvient à se présenter en Afrique comme le défenseur des victimes de l’impérialisme. La Russie ne cache pas son intérêt pour le continent africain, où elle cherche à établir des partenariats économiques et politiques. Elle a notamment signé des accords avec l’Égypte pour la construction d’une centrale nucléaire et avec le Soudan pour la construction d’une base navale.
La Russie s’est aussi engagée dans la lutte contre le terrorisme dans plusieurs pays africains, notamment en Centrafrique, où elle a envoyé des instructeurs militaires. Pourtant, Philippe Bernard souligne que la Russie a été accusée de complicité avec le régime rwandais dans le génocide de 1994, ainsi que de violations des droits de l’homme en Tchétchénie.
Au-delà de l’Afrique, la Russie est également sous le feu des projecteurs pour les déportations d’enfants ukrainiens en Russie, sur lesquelles enquête actuellement le procureur de la Cour pénale internationale. Les échanges entre la Pologne et la Biélorussie sont également au point mort, et posent des questions sur l’impact de la Russie dans la région.
En somme, la stratégie de la Russie en Europe et en Afrique est complexe, oscillant entre la déni et la victimisation d’une part, et la défense des droits des victimes de l’impérialisme de l’autre. Cependant, les accusations et les enquêtes sur les actions de Moscou posent des questions sur la nature de son engagement dans ces régions du monde.
Mots-Clés: Russie, Ukraine, Afrique, impérialisme