mardi 15 octobre 2024
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Émeutes meurtrières : les mesures tardives du gouvernement pour lutter contre la violence et les discriminations !

Emmanuel Macron s’est abstenu de réagir immédiatement aux émeutes qui ont eu lieu en juin, marquées par des pillages, des affrontements violents avec la police et le saccage de bâtiments publics, suite à la mort de Nahel M. le 27 juin à Nanterre lors d’un tir policier. Quatre mois plus tard, le président de la République a laissé à la première ministre, Elisabeth Borne, le soin d’annoncer les mesures prises par le gouvernement pour éviter le retour de tels événements.

La première ministre a annoncé plusieurs mesures axées sur l’autorité, largement soutenues par plusieurs sondages. Cela comprend le renforcement du contrôle judiciaire des délinquants mineurs, car 30% des émeutiers placés en garde à vue étaient des mineurs, ainsi que la possibilité d’imposer des peines de travail d’intérêt général et des stages de responsabilité parentale aux parents. Cependant, ces mesures ont un impact limité.

Le renforcement des « cités éducatives » et des « forces d’action républicaine », qui visent à mobiliser tous les acteurs, est une mesure positive en soi, mais elle avait déjà été annoncée auparavant. L’appui aux femmes élevant seules leurs enfants, qui représente 60% des émeutiers vivant dans des familles monoparentales, est renvoyé à une commission. En ce qui concerne le logement, une circulaire va demander aux préfets de ne plus attribuer de logements sociaux dans les quartiers prioritaires aux ménages les plus en difficulté, afin de favoriser la mixité sociale.

Malgré l’apparence positive de ces mesures sur le papier, il se pose la question de la relocalisation des ménages pauvres si la construction de logements sociaux reste faible et si aucune obligation d’accueil n’est imposée aux communes favorisées. Ces mesures, annoncées tardivement et plusieurs fois reportées, donnent une impression de déjà-vu pour certaines et, globalement, elles semblent insuffisantes.

Même le constat posé par la première ministre, à savoir « l’inquiétante banalisation de la violence, le manque de cadre (…) et une crise de l’autorité », n’est pas à la hauteur. Depuis le rapport de Jean-Louis Borloo et celui des députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo, publiés en 2018, on sait que la République accorde quatre fois moins de moyens aux quartiers populaires dits « prioritaires » par rapport au nombre d’habitants. Les annonces du gouvernement ne s’attaquent que très marginalement à cette inégalité flagrante et fondamentale, alors que sa résolution devrait être une priorité nationale.

Il ne faut pas oublier que les émeutes de juin ont été déclenchées par les pratiques de contrôle policier, ce qui soulève plus largement la question des discriminations. Alors que le Conseil d’Etat a récemment déclaré que le recours aux contrôles au faciès par la police « ne peut être considéré comme des cas isolés », le silence de l’exécutif sur cette question brûlante de la violence dans les rapports entre jeunes et policiers, ainsi que les annonces très limitées concernant les discriminations, ne sont pas de bon augure.

La sécurité publique, dont les quartiers populaires sont également demandeurs, est certes une question d’autorité, mais elle nécessite de s’engager vers la promesse républicaine d’égalité.

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