Les causes de la chute des populations d’oiseaux européennes font l’objet de nombreux débats et de recherches depuis de nombreuses années. Les facteurs susceptibles de contribuer à leur extinction sont divers et nombreux, allant des éoliennes à l’urbanisation, en passant par les effets néfastes du changement climatique et la chasse ou la prédation par les chats. Pour autant, une étude menée à l’échelle européenne par des chercheurs de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences pointe une cause principale du déclin des populations aviaires en Europe : les pratiques agricoles intensives et les usages des intrants de synthèse tels que les pesticides et les engrais.
Selon les auteurs de l’étude, l’impact négatif de l’intensification de l’agriculture sur les oiseaux a déjà été signalé depuis longtemps. Toutefois, leur travail fournit cette fois-ci des preuves solides de l’effet direct et prédominant des pratiques agricoles à l’échelle du continent. L’étude a mis en évidence une hiérarchie générale des causes de la perte d’oiseaux en Europe, avec l’intensification de l’agriculture en tête de liste. Les Pays-Bas, la République tchèque, l’Irlande et la France sont les pays d’Europe où cette intensification a le plus fortement progressé ces dernières années.
La chute d’abondance des oiseaux d’Europe est vertigineuse. Elle atteint 25 % pour l’ensemble des espèces observées sur trente-sept années et représente une perte de 800 millions d’oiseaux par rapport à il y a quarante ans. Les espèces inféodées aux plaines agricoles sont les plus touchées, avec une chute de 60 % de leurs effectifs. Les oiseaux des milieux urbains voient leur population diminuer en moyenne de 28 % tandis que ceux des milieux boisés voient leur effectif chuter de 18 %.
Les chercheurs ont mené leur analyse sur la base des données les plus exhaustives issues du programme de suivi paneuropéen des oiseaux communs. Plus de 20 000 sites ont été surveillés dans 28 pays d’Europe, suivant un protocole standardisé et la présence de 170 espèces différentes a été régulièrement évaluée.
L’étude de Proceedings of the National Academy of Sciences apporte donc des preuves solides de l’impact des pratiques agricoles intensives sur les populations aviaires en Europe et souligne la nécessité de faire évoluer ces pratiques en faveur de la biodiversité. Les conséquences de cette perte d’oiseaux sur l’équilibre des écosystèmes sont encore difficiles à évaluer mais suscitent une vive inquiétude, d’autant que les oiseaux jouent un rôle clé dans la pollinisation et la régulation des populations d’insectes.
Mots-clés : oiseaux, populations aviaires, Europe, pratiques agricoles, intensification, intrants de synthèse, pesticides, engrais, biodiversité, écosystèmes.