Les climatologues tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années : les vagues de chaleur sont en augmentation et devraient se multiplier à l’avenir. Selon les prévisions du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), si les températures augmentent d’environ 2°C d’ici 2050, le climat de certaines villes européennes pourrait ressembler à celui de régions actuellement plus chaudes comme Marrakech. C’est le cas par exemple de Madrid, dont le climat pourrait être similaire à celui de la capitale marocaine dans trente ans. De même, Londres connaîtrait des températures proches de celles actuellement observées à Madrid.
Face à ces projections alarmantes, de plus en plus de personnes cherchent à se protéger de la chaleur en se tournant vers la climatisation. On estime qu’environ 135 millions de climatiseurs sont vendus chaque année dans le monde, un chiffre qui a triplé en trente ans. En 2022, près de 37% des foyers possèdent un climatiseur, contre seulement 20% en l’an 2000. Le nombre total de climatiseurs installés dépasse déjà les 1,5 milliard, un chiffre qui devrait tripler d’ici 2050 selon l’Agence internationale de l’énergie. Cette tendance est toutefois inégale selon les continents. En Afrique, le taux d’équipement en climatisation est faible et n’a que peu augmenté au cours des vingt dernières années, passant de 4% à seulement 6%. En revanche, l’Asie, grâce notamment à la Chine, a connu une explosion du taux d’équipement, qui est passé de 19% à 47%.
Cette ruée vers la climatisation a un impact considérable sur la consommation d’électricité. La demande d’électricité liée à la climatisation a doublé en vingt ans pour atteindre 2000 térawattheures (tWh) en 2021, soit entre 8% et 10% de la consommation mondiale d’électricité. Cela équivaut à 2,5 fois la consommation annuelle d’électricité de tout le continent africain. Selon l’Agence européenne de l’environnement, d’ici 2050, la proportion de ménages européens équipés de climatisation devrait doubler, passant de 20% à 40%. En France, ce taux pourrait même atteindre 55%. L’Asie devrait rester la région avec la plus forte demande en climatisation, concentrant la moitié des climatiseurs dans le monde en 2050. La consommation d’électricité liée à la climatisation devrait alors atteindre entre 3400 et 5200 tWh, en fonction de l’amélioration de l’efficacité énergétique des climatiseurs et d’autres facteurs tels que la performance des bâtiments.
Cette augmentation de la demande en climatisation est principalement motivée par la nécessité de faire face aux risques sanitaires liés aux vagues de chaleur. Les canicules sont de plus en plus dangereuses et entraînent une augmentation de la mortalité. En 2019, 345 000 décès ont été attribués à la chaleur dans le monde parmi les personnes de plus de 65 ans, soit une augmentation de 80,6% en vingt ans. En Europe, notamment à cause des températures exceptionnelles enregistrées en 2022, plus de 62 000 personnes sont décédées. En France, entre 2014 et 2022, Santé publique France estime que les fortes chaleurs ont causé la mort de 32 658 personnes, dont près d’un tiers avaient moins de 75 ans.
En conclusion, le réchauffement climatique entraîne une augmentation des températures et des vagues de chaleur dans le monde. Cette situation pousse de plus en plus de personnes à se protéger en s’équipant de climatiseurs. Cette tendance a un impact important sur la consommation d’électricité et soulève des enjeux d’efficacité énergétique. Les risques sanitaires liés aux canicules sont également une préoccupation majeure. Il est donc essentiel de développer des solutions durables pour faire face à ces défis.
Mots-clés : climat, réchauffement climatique, vagues de chaleur, climatiseurs, augmentation de la demande, consommation d’électricité, efficacité énergétique, risques sanitaires, mortalité, canicules. Arlington, Virginie (Etats-Unis), Madrid, Marrakech, Londres, GIEC, Agence internationale de l’énergie, Afrique, Asie, Union européenne, France, Santé publique France, Nature, 10 juillet 2023.