L’article que vous allez lire aborde la question de l’avenir des grands fonds marins au sein de la communauté internationale. Depuis deux semaines, le conseil de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) se réunit à Kingston, capitale de la Jamaïque, afin de discuter de l’élaboration d’un code minier qui encadrera l’extraction des métaux sous-marins. Malheureusement, aucune résolution n’a été trouvée, et il faudra attendre la trentième session de l’Autorité en 2025 pour espérer aboutir à un accord.
La rédaction de ce code minier a été un projet de longue haleine, entamé il y a déjà dix ans. Son objectif était d’établir des règles juridiques, techniques et environnementales pour réguler les activités d’extraction sous-marine des métaux. Les océans regorgent en effet de ressources convoitées par de nombreux secteurs industriels, notamment celui des batteries. Le lithium, le nickel, le manganèse, le cuivre, le plomb, le cobalt ou encore le mercure se trouvent à des profondeurs allant de 200 mètres à 6 kilomètres, sous forme de nodules ressemblant à de grosses boules de pétanque.
Cette absence de résolution est une grande déception pour les organisations non-gouvernementales (ONG). De plus, l’échéance de 2025 n’est qu’un simple « objectif indicatif », comme l’a précisé le président actuel du conseil de l’AIFM, Juan José González Mijares, originaire du Mexique. Ce nouveau report accentue la division entre les membres de l’organisation sous tutelle de l’ONU en deux camps bien distincts. D’un côté, nous retrouvons les pays favorables à l’exploitation des abysses, tels que la Chine, l’Inde, la Russie, la Belgique et la Norvège, ainsi que quelques micro-Etats insulaires comme la République de Nauru en Micronésie. De l’autre côté, nous avons les pays qui s’opposent fermement à ces pratiques, comme la France, ou préfèrent temporiser par précaution. Une vingtaine de pays font partie de ce dernier groupe, parmi lesquels le Chili, le Panama, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne, l’Allemagne, ainsi que des Etats du Pacifique comme les Fidji, les Samoa, les Palaos et le Vanuatu. Récemment, le Canada, l’Irlande, la Suède, la Suisse et le Brésil ont également rejoint ce camp.
Maintenant, une question se pose : en l’absence de code minier, est-ce qu’un pays peut soumettre une demande d’exploitation à grande profondeur à l’AIFM, qui ne délivre que des permis d’exploration depuis sa création en 1994 ? La République de Nauru, qui compte environ 10 000 habitants, pense que oui. L’ambassadrice de Nauru, Margo Deiye, a souligné cette semaine que « nous ne sommes plus dans un scénario de « qu’est-ce qui se passerait si ? », mais de « et maintenant, qu’est-ce qui se passe ? ». Elle a d’ailleurs affirmé que son gouvernement solliciterait prochainement un contrat d’extraction pour la firme Nauru Ocean Resources Inc. (NORI), fondée par la société canadienne The Metals Company (TMC) basée à Vancouver.
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