Le monde du journalisme pleure la perte d’Osvaldo Tcherkaski, un journaliste argentin éminent, écrivain et cinéaste, décédé le 5 décembre à Buenos Aires à l’âge de 86 ans. Son parcours, marqué par des engagements courageux et un regard pénétrant sur la réalité politique de l’Amérique latine, a profondément influencé le paysage médiatique. Tcherkaski a su naviguer à travers les tumultes de son époque, laissant derrière lui un héritage inestimable tant en Argentine qu’à l’étranger.
Né en 1938 à Buenos Aires, Tcherkaski entame sa carrière journalistique dans les années 1970 à la revue Siete Dias, puis au quotidien La Opinion. Pendant son mandat, il s’attache à dépeindre le gouvernement de Juan Domingo Peron, qui revient au pouvoir en 1973. Face à cette période d’instabilité politique, il est contraint de quitter son pays pour se réfugier à Paris, fuyant les menaces des paramilitaires de la Triple A et des guérilleros des Montoneros. À Paris, il rejoint la rédaction de l’AFP, où il devient un pilier du desk espagnol, un espace de refuge pour de nombreux exilés politiques.
Une carrière riche en engagements
À son arrivée à Paris, Tcherkaski ne maîtrisant pas le français, il s’inscrit à des cours à la Sorbonne pour acquérir la langue. Ses collègues se souviennent de lui comme d’un personnage atypique, arborant cheveux longs et jeans, et se rendant à la rédaction en sabots. « Nous étions de service le soir à ‘la petite nuit’ – de 18 heures à minuit – et nous savions qu’Osvaldo écrivait pour lui le reste du temps »
, évoque Alain Frachon, l’un de ses anciens collègues à l’AFP.
Sa curiosité intellectuelle le pousse à s’entourer de grands classiques de la littérature française, tels que Mémoires de Saint-Simon. Le desk « latino » où il travaillait était le théâtre de débats animés, opposant « libéraux » et « péronistes de gauche ». Tcherkaski se distinguait par sa sagesse, sa propension à questionner plutôt qu’à juger, préférant le récit à la polémique.
Rencontre influente et tournant professionnel
En 1974, lors d’un voyage à Bruxelles, il rencontre Christine Legrand, une stagiaire de l’AFP, qui deviendra sa compagne. Ensemble, ils s’installent à Washington, où Tcherkaski couvre les événements majeurs de l’Amérique latine, notamment la révolution sandiniste au Nicaragua et la guerre civile au Salvador, avant d’etre nommé correspondant à la Maison Blanche. Son retour en Argentine en 1983, après sept ans de dictature, est marqué par un fort désir de vivre ce moment historique dans son pays. Il rejoint alors Tiempo Argentino comme chef du supplément culturel.
Un héritage inestimable
En 1985, Il intègre Clarin, l’un des journaux hispanophones les plus influents au monde, où il parvient à s’imposer comme chef du service international. En parallèle, il s’investit dans la formation des journalistes, initiant un master en journalisme documentaire à l’Université nationale de Tres de Febrero, position qu’il occupe jusqu’en 2023. Sa passion pour l’enseignement et son engagement pour la vérité n’ont cessé de marquer son parcours professionnel.
Osvaldo Tcherkaski a su capturer les nuances des temps troublés à travers sa plume et son objectif, influençant plusieurs générations de journalistes. Sa carrière exemplaire et ses contributions remarquables au journalisme argentin et international laissent un héritage dont l’importance résonnera longtemps dans le monde des médias.
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