Dans En plein feu, Quentin Reynaud fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle en explorant la veine dramatique d’Alex Lutz, réputé pour son talent comique. Le réalisateur a su tirer profit de l’association entre le talentueux acteur et son personnage, Simon, qui se retrouve coincé avec son père, Joseph (André Dussollier), dans un quartier pavillonnaire en proie à un incendie. La montée en tension est d’autant plus palpable que les deux personnages sont bloqués dans des embouteillages, sans pouvoir ni avancer ni reculer, et sans autre moyen de communication que leur téléphone portable et leur talkie-walkie.
Le film est construit de façon très habile : la menace de l’incendie est suggérée par les effets qu’il produit, sans jamais être illustrée de manière frontale. Ainsi, les fumées et les rougeoiements à l’horizon sont autant de signes annonciateurs d’un désastre qui se rapproche dangereusement. De même, la faune sauvage, affolée par le feu, est utilisée de façon symbolique pour renforcer l’angoisse des personnages. Reynaud joue avec les sensations physiques et émotionnelles des protagonistes, en accentuant la chaleur torride, l’odeur suffocante des fumées et les bruits inquiétants, pour mieux faire ressentir l’urgence de la situation.
Le duo formé par Alex Lutz et André Dussollier est exceptionnel : l’un, tiraillé par une relation compliquée avec son père et l’autre, contraint de faire face à une situation inédite pour lui, créent une alchimie rare qui captive le spectateur du début à la fin. La mise en scène minimaliste, centrée sur l’habitacle du véhicule, crée une tension presque insoutenable qui met à nu la fragilité des personnages, confrontés à leur propre impuissance face au feu qui les menace.
En plein feu est un film intense et poignant qui réinvente le genre du survival. Il est l’occasion pour Reynaud de confirmer son talent de conteur d’histoires, tout en offrant un rôle inoubliable à Alex Lutz. Le film réussit le tour de force de captiver le spectateur jusqu’à l’ultime minute, en privilégiant le ressenti physique et émotionnel plutôt que les effets visuels spectaculaires.
Mots-Clés: En plein feu, Quentin Reynaud, Alex Lutz, André Dussollier, incendie, survival.