Le 1er juillet 2022 a marqué un tournant pour David Marial et des milliers d’autres citoyens français. Ce jour-là, David est devenu le premier à entrer dans la mairie de Grenoble, papiers d’identité en main, pour changer son nom de famille. Une démarche autorisée par la loi Vignal du 2 mars 2022 qui permet à toute personne majeure, une seule fois dans sa vie, de substituer gratuitement le nom de sa mère à celui de son père ou inversement, ou de les associer pour obtenir un double nom, dans le sens de son choix.
Selon le ministère de la justice, 40 000 citoyens français ont fait la demande de changer leur nom de famille durant l’été 2022, contre 4 000 personnes par an auparavant. Jusqu’ici, la démarche était coûteuse, longue et incertaine. Elle était basée sur des critères stricts (un nom ridicule, à consonance étrangère, qu’on veut sauver de l’extinction).
« Les noms portent une langue comme on porte un vêtement », écrit la psychanalyste Céline Masson. Masque d’exil, héritage transgénérationnel, le nom revêt différents visages. Et, parfois, il pèse, irrite, incommode, au point de vouloir s’en délester. Pour Marine Gatineau-Dupré, fondatrice du collectif Porte mon nom, à l’origine de la proposition de loi, ces histoires singulières, intimes, racontent la diversité des situations familiales en France, vers la reconnaissance d’une identité filiale fondée sur le vécu propre.
C’est le cas de David Marial. Né Arès, en Afghanistan, il s’est ensuite appelé Kamel à son arrivée en France, à l’âge de 3 ans. Il a, par la suite, changé Kamel en David à l’âge adulte, au moment de sa naturalisation. Concernant son patronyme, son père, journaliste afghan, l’a modifié pour ne pas être reconnu lorsqu’il a fui le pays et les talibans qui le traquaient en 1996. Il a alors choisi pour lui et pour sa famille le nom Sina, en hommage à Ibn Sina, dit « Avicenne », philosophe et médecin aux théories empreintes d’Orient et d’Occident. David a finalement opté pour le changement de nom et s’appelle désormais David Marial, en hommage à sa mère, d’origine australienne, et à son grand-père maternel, qui est décédé.
Grâce à la loi Vignal, David Marial et des milliers d’autres citoyens français peuvent désormais porter le nom de leur choix, reflétant leur identité et leur histoire.
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