La situation d’Orano, anciennement connue sous le nom d’Areva, au Niger est devenue très délicate depuis la prise de pouvoir par la junte militaire il y a plus d’un an. La compagnie, majoritairement détenue par l’État français, fait face à une intervention croissante dans la gestion de sa coentreprise, la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), où elle détient la majorité des actions. Leurs pertes de contrôle pourraient avoir des répercussions significatives, tant pour Orano que pour l’économie nigérienne.
Le 4 décembre 2023, Orano a publié un communiqué alarmant indiquant qu’elle subissait des « ingérences » dans la conduite des affaires de la Somaïr. En effet, cette société exploite la seule mine d’uranium actuellement en activité au Niger, située à Arlit. Orano, qui a déjà dû fermer une autre mine, celle d’Akouta, en 2021, estime que les décisions adoptées lors des conseils d’administration ne sont plus respectées. Cette situation s’exacerbe en raison de la fermeture des frontières du Niger, ce qui empêche l’exportation de l’uranium.
Quel est le contexte de cette crise?
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, les conditions de fonctionnement d’Orano au Niger se sont particulièrement détériorées. Un conseiller gouvernemental nigérien a exprimé son indignation face aux accusations d’Orano d’ingérence, déclarant que « l’uranium est sur notre sol, et Orano nous accuse d’ingérence ? »
La tension entre le gouvernement nigérien et la compagnie française souligne un désir croissant de souveraineté sur les ressources naturelles du pays. Après un demi-siècle d’exploitation, ce conseiller affirme que le temps des négociations unilatérales est révolu : « Nous voulons reprendre le contrôle de nos affaires. »
Les retombées économiques de cette situation
La Somaïr, qui emploie environ 750 personnes, est confrontée à de graves défis. Le blocage d’un millier de tonnes d’uranium, d’une valeur estimée à 300 millions d’euros, sur le site d’Arlit constitue une menace non seulement pour la compagnie mais aussi pour l’économie locale. Orano a tenté de proposer des alternatives d’exportation, comme passer par la Namibie, mais toutes ces suggestions n’ont pas reçu de réponse. « Toutes nos propositions sont restées sans réponse, »
a déclaré une porte-parole d’Orano, ce qui complique encore les perspectives de résolution.
Quelles solutions envisagées pour Orano ?
Face à cette impasse, Orano a annoncé une intention de suspendre la production au Niger. Toutefois, l’activité sur le site d’Arlit continue, ce qui, selon le groupe, pourrait entraîner une « dégradation chaque jour davantage de la situation financière » de la Somaïr. Le refus d’exporter les productions locales par les autorités nigériennes crée un climat d’incertitude, et la pression monte sur Orano qui pourrait devoir revoir ses stratégies à long terme dans le pays.
Conflit et répercussions diplomatiques
La tension n’est pas seulement économique; elle est aussi diplomatique. En raison d’un différend avec le Bénin, par où Orano exporte traditionellement, la frontière demeure fermée, aggravant la situation. L’incertitude entourant ces relations pourrait avoir des effets durables sur les opérations d’Orano et les autres entreprises étrangères présentes au Niger.
Pour résumer, Orano est actuellement pris dans un quadrilatère complexe de pression politique, de désaccords économiques et de répercussions diplomatiques. La compagnie française, qui a prospéré pendant des décennies grâce à l’exploitation des ressources du Niger, doit naviguer dans une nouvelle réalité où le contrôle local devient prioritaire. L’avenir des opérations d’Orano au Niger est plus que jamais incertain et pourrait nécessiter une redéfinition de ses relations avec le gouvernement nigérien et les autorités locales.
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