En juillet, Ghassen Ben Jannet, un salarié de Teleperformance basé en Grèce, a été élu vice-président du tout nouveau bureau représentant les travailleurs de cette multinationale française, qui compte près de 13 000 employés dans le pays. Depuis sa nomination, il se considère comme la cible de la direction. Alors que son contrat à durée déterminée étais prévu pour un renouvellement en décembre, la direction a finalement décidé de ne pas le prolonger.
« Mon supérieur a clairement expliqué cette décision par mon comportement. Pourtant, j’ai travaillé pour Teleperformance depuis 2018 sans jamais accumuler les absences, et mes clients ainsi que mes supérieurs ont toujours émis des avis favorables à mon sujet », déclare cet employé tunisien. Pour lui, il ne fait aucun doute que l’entreprise « cherche à intimiderr l’ensemble des employés afin d'empêcher leur mobilisation, tout en les obligeant à accepter des conditions de travail inacceptables ».
Un climat de tension sur le lieu de travail
Face à cette situation, le Syndicat des travailleurs des télécommunications et de l’informatique (Setip) a lancé un appel à une grève le lundi 23 décembre, marquant ainsi la dixième action de ce type depuis le début de l’année. Cette initiative vise à dénoncer les méthodes d’intimidation à l’égard des grévistes, ainsi que les licenciements ou non-renouvellements des contrats des membres syndicaux. Le climat de tension s’est intensifié dans les sept plateformes de Teleperformance en Grèce, où une trentaine d’employés sont impactés par ces décisions.
« Il est impératif de critiquer ces pratiques, surtout lorsque des figures clés de notre syndicat sont touchées. Cela inclut notre vice-président, la trésorière, et même des présidents de bureaux à Thessalonique et à La Canée en Crète », expose Nikos Spyrelis, président de l’Union des travailleurs de Teleperformance Grèce.
Une lutte pour de meilleures conditions de travail
Depuis la création de ce nouveau bureau en février, le Setip revendique une augmentation des salaires, le retour des conventions collectives – supprimées durant la crise financière de 2010 à 2018 – et un passage au contrat à durée indéterminée. Actuellement, les contrats à durée déterminée sont la norme au sein de l’entreprise, exacerbant la précarité des employés.
Malgré ces revendications justifiées, la direction de Teleperformance reste sourde aux demandes formulées. En plus de son silence face aux questions du Monde, elle a également décidé d’intenter une action en justice pour contester la représentativité du Setip, arguant que l’entreprise ne se situe pas dans le secteur des télécommunications, mais fournit des services.
Une mobilisation persistante
Les salariés de Teleperformance continuent de faire front, témoignant de la nécessité d’une mobilisation durable. Leurs revendications ne se limitent pas seulement à des augmentations de salaire ou à des contrats plus stables. Elles s’inscrivent dans une volonté plus large d’améliorer les conditions de travail dans un secteur souvent vilipendé pour ses pratiques. Ce combat, porté par des travailleurs déterminés, fait écho à une lutte collective pour la dignité et le respect des droits des employés.
Une situation à suivre de près
Alors que le 23 décembre approche, les attentes autour de cette prochaine grève sont palpables. La direction doit-elle faire face à une mobilisation qui s’étend et s’intensifie ? La réponse à cette question pourrait bien influencer l’avenir du bureau des salariés et, plus largement, les pratiques de Teleperformance en matière de gestion des ressources humaines.
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