Au cœur du Gard, les vendanges de Patrick Viala, vigneron et agriculteur à Saint-Nazaire-des-Gardies, se sont achevées de manière inédite ce samedi 21 septembre. Avec un ciel radieux comme toile de fond, il a vu ses derniers seaux de raisins, pesant au total 1 160 kilos, transportés vers la cave coopérative du village par une charrette tirée par des chevaux. Les vendangeurs, une trentaine au total, ont suivi joyeusement cette procession, qui, bien que festive, n’a rien de naïf, selon l’agriculteur.
Patrick Viala souligne : « Ce n’est pas pour faire carte postale. C’est la marche de la ‘persévérance’ », faisant référence au nom de sa cuvée. Il ajoute : « Nous avons vendangé et la quantité n’y est pas. Nous savons que l’année qui arrive va être encore plus difficile. Être vigneron aujourd’hui, c’est avant tout savoir faire preuve de persévérance. »
Une Récolte en Berne
Dans le Gard, qui a récemment été le théâtre de mobilisations agricoles marquantes, les vignerons doivent faire face à de nombreux défis. Représentant plus de la moitié des exploitations de la région, ces derniers voient leur moral chuter. Les premières évaluations annoncent une baisse de 30 % de la récolte prévue pour 2024, qui passerait ainsi de 3,2 millions d’hectolitres à seulement 2,5 millions. Cette baisse est attribuée aux ravages du mildiou et à la coulure, un phénomène entraînant la mauvaise fécondation des fleurs.
Bruno Manzone, président des Vignerons créateurs, un regroupement de caves coopératives du sud du département, déclare : « Nous sommes à 20 % en dessous de la moyenne décennale ». Cette situation inquiète d’autant plus les acteurs du secteur. Romain Angelras, président des Jeunes Agriculteurs et vigneron lui-même, met en garde : « Le marché est en crise, l’export souffre, et nos charges, notamment le prix des produits phytosanitaires, ont sensiblement augmenté. Ça va être tendu au niveau de la trésorerie pour un grand nombre d’entre nous. »
Des Aides en Attente
Suite aux récents blocages de routes par les agriculteurs en janvier, des aides d’urgence ont été accordées, totalisant 8,53 millions d’euros pour 982 exploitations, avec un versement moyen de 5 522 euros pour ceux ayant subi des pertes de plus de 20 %. Cependant, de nombreuses questions demeurent quant aux futures aides promises, en particulier celles pour l’arrachage de vignes, dont la libération par l’Union européenne est encore incertaine.
Comme le souligne un représentant, « Tout le monde attend de connaître les conditions ». La situation se complique d’autant plus dans un contexte démographique préoccupant, où 31 % des exploitations sont dirigées par des agriculteurs âgés de plus de 61 ans. L’arrachage pourrait ainsi apparaître comme une solution envisageable pour les futurs retraités désirant se retirer dans les meilleures conditions.
Perspectives d’Avenir
L’avenir des vignerons gardois se dessine donc dans une incertitude persistante. La persévérance saluée par Patrick Viala pourrait bien être le mot d’ordre pour naviguer dans les défis croissants que rencontre cette profession. Dans un contexte de crise où la solidarité et l’entraide entre exploitants se renforcent, la quête de solutions innovantes et durables semble plus que jamais indispensable.
Les décisions à venir des autorités compétentes, tout comme l’adaptation des pratiques agricoles, pourront définir la suite de cette aventure viticole unique. Les exploitants, forts de leur résilience, espèrent une réponse rapide et adéquate de la part de l’État.
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