Le siège de « La Voix du Nord », à Lille, le 4 janvier 2017. PHILIPPE HUGUEN / AFP
Un an après l’annonce d’un plan social à La Voix du Nord, les craintes persistent au sein du grand quotidien régional des Hauts-de-France. Cependant, le choc a été moins violent que prévu. Après sept mois de négociations, l’intersyndicale a finalement signé le plan de sauvegarde de l’emploi en avril. Sur les 105 départs annoncés en 2022 pour 660 salariés selon la direction, seuls une quarantaine de journalistes et seize assistantes quitteront le journal d’ici à juin 2024.
Malgré tout, le malaise persiste alors qu’une réorganisation de la rédaction sera mise en place à partir du 6 novembre. Le premier sujet de friction concerne la création d’un double statut pour les journalistes. Face au manque de personnel consécutif aux départs, la direction envisageait de créer une agence de presse externe, mais a dû y renoncer en raison des protestations des syndicats qui en ont fait une question cruciale, selon Christian Vincent, délégué CFDT. En raison de ce blocage, un statut de rédacteur a été mis en place, qui ne fait pas l’unanimité en interne. Contrairement aux reporters, les seize titulaires de ce nouveau poste ne seront pas sur le terrain, ne travailleront pas en horaires décalés, ni les jours fériés et les week-ends. Travaillant trente-cinq heures par semaine, ils ne bénéficieront pas de RTT.
Selon M. Vincent, ils sont embauchés à un indice inférieur à celui qui était pratiqué jusqu’alors, ce qui constitue une forme de chantage à l’emploi. Un journaliste anonyme raconte que certains d’entre eux travaillaient en contrat à durée déterminée depuis plusieurs années et ont été mis en carence début octobre, avant d’être repris en contrat à durée indéterminée, mais avec des salaires moindres.
Pour Stéphanie Zorn, rédactrice en chef en tandem avec Patrick Jankielewicz, il n’y a rien d’anormal à cela. Pour elle, ces nouveaux postes sédentaires n’ont pas les mêmes contraintes que les reporters. Ils seront payés 1 800 euros nets sur treize mois et demi pour gérer les contenus rédigés par les correspondants, les communiqués et les articles d’actualité. Elle s’apprête d’ailleurs à devenir, au premier semestre 2024, la première femme rédactrice en chef du journal.
Malgré cela, plusieurs représentants des salariés craignent des dérives futures en cas d’événements majeurs. Mme Zorn tente de les rassurer en expliquant que tout reste à construire.
La deuxième cause du malaise concerne la réaffectation des moyens. Il est prévu de mettre en place une équipe rédactionnelle dédiée à la métropole lilloise, mais les équipes locales craignent que cela ne se fasse au détriment de leurs effectifs. Par exemple, l’agence de Roubaix-Tourcoing est passée de seize à huit reporters, et celle de Calais de six à trois. Un salarié déplore qu’il sera difficile de continuer à couvrir l’actualité locale dans ces conditions. Mme Zorn, la rédactrice en chef, répond à ces inquiétudes en expliquant que dix postes de « journalistes volants » ont été créés et seront répartis par zones.
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