Auchan annonce une restructuration majeure : 2 389 postes menacés
Le groupe Auchan, autrefois pilier du secteur de la grande distribution, a révélé un projet de Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) touchant pas moins de 2 389 postes en France. Ce plan souligne les profondes difficultés économiques auxquelles fait face le distributeur, notamment suite à la perte de sa branche en Russie. Ce projet a suscité des réactions vives de la part des syndicats, qui craignent des conséquences dévastatrices pour les employés.
Le contexte actuel du marché de la grande distribution en France est particulièrement tendu pour Auchan, qui emploie environ 54 000 personnes. Le 5 novembre 2024, la direction a informé ses salariés que 784 postes seraient supprimés au sein des bureaux et 915 postes dans les points de vente. En outre, l’activité de livraison directe à domicile sera également interrompue, entraînant ainsi 224 suppressions de postes supplémentaires. Au total, cette restructuration impliquerait sinon la fermeture de plusieurs magasins non rentables, pour un total de 466 postes concernés.
Détails de la restructuration
Les premiers échos concernant le PSE ont été alarmants pour les syndicats. Le délégué syndical « retail » pour Force ouvrière, Franck Martinaud, a exprimé ses craintes, affirmant : « On a déjà eu de nombreux PSE, mais aucun n’a dépassé 1 000 postes. Si c’est ce chiffre-là, c’est énorme. »
La situation est d’autant plus préoccupante avec l’annonce d’une fermeture anticipée de plusieurs hypermarchés à Clermont-Ferrand, Woippy, Bar-le-Duc et Aurillac. Selon Fabien Alliata de la CFDT, cette tendance inquiétante met en exergue une réalité économique difficile.
Causes de la crise d’Auchan
Les défis qu’Auchan doit surmonter s’expliquent principalement par une combinaison de facteurs. Dans un premier temps, le groupe a historiquement souffert d’une perte de parts de marché, se chiffrant à 9,1 % contre 24,1 % pour E.Leclerc, 21,4 % pour Carrefour et d’autres géants du secteur. En raison de sa position moins compétitive, Auchan se retrouve dans une situation de faiblesse lors de ses négociations avec les fournisseurs. C’est ainsi qu’Auchan a choisi de s’associer avec Intermarché pour améliorer son pouvoir d’achat, formant une alliance de dix ans pour acheter ensemble.
Les nouvelles dynamiques du marché
Un autre élément clé à considérer est l’évolution des préférences des consommateurs vers des formats de distribution moins encombrants. Les hypermarchés, sur lesquels Auchan a basé sa stratégie, apparaissent aujourd’hui démodés. Le groupe a subi des pertes importantes, avec près de 1 milliard d’euros pour les six premiers mois de 2024 et un recul de 379 millions d’euros l’année précédente. Alors que ses concurrents voient leurs ventes croître grâce à l’inflation, Auchan peine à s’adapter à ces nouvelles réalités.
Perspectives d’avenir pour Auchan
Le groupe a des actionnaires solides, notamment l’Association familiale Mulliez, propriétaire de Leroy Merlin et Decathlon. Néanmoins, leur soutien ne semble pas suffisant pour inverser la tendance actuelle. Les syndicats et les analystes s’inquiètent de la pérennité d’Auchan face à un marché de plus en plus concurrentiel. La vente de ses filiales, en particulier celle en Russie, pourrait avoir des implications à long terme sur la stratégie globale du groupe.
Alors que le climat économique reste incertain, et que les consommateurs adoptent de nouvelles habitudes d’achat, l’avenir d’Auchan dépendra de sa capacité à réagir et à s’adapter à ces changements profonds.
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