Le football français vient de perdre l’une de ses figures les plus marquantes. Gérard Bourgoin, ancien président de l’AJ Auxerre et de la Ligue de football professionnel (LFP), s’est éteint à l’âge de 85 ans. Véritable icône du sport et entrepreneur audacieux, son parcours reflète une vie dédiée à la passion, à l’innovation et au dépassement de soi. À travers ses succès avec l’AJA, ses initiatives dans l’agroalimentaire et ses controverses en tant que dirigeant, Bourgoin a laissé une empreinte indélébile. Retour sur la vie et l’héritage d’un homme qui a marqué le football et bien au-delà.
Le dernier adieu à Gérard Bourgoin, icône du football français
Le football français pleure aujourd’hui l’une de ses figures emblématiques. Gérard Bourgoin, ancien président de l’AJ Auxerre, s’est éteint à l’âge de 85 ans. L’annonce de son décès, survenu dans des circonstances tragiques après un malaise dans sa voiture, a été faite par le club bourguignon dans un communiqué poignant. Dimanche dernier, Bourgoin avait encore assisté au match opposant l’AJA au RC Strasbourg, une défaite pour les locaux (0-1) au stade de l’Abbé-Deschamps.
Cette disparition laisse un vide immense dans le cœur des amateurs de football. Surnommé « le pape du poulet » pour avoir fondé l’entreprise de découpe de volailles DUC en 1966, Bourgoin était bien plus qu’un simple homme d’affaires. Il incarnait la passion, la détermination et l’amour pour un sport qu’il a contribué à faire rayonner bien au-delà des frontières de la Bourgogne. De nombreux hommages ont afflué, soulignant l’impact profond de cet homme sur le football français et son dévouement inégalé à l’AJA.
Une histoire gravée dans la mémoire de l’AJ Auxerre
Gérard Bourgoin et l’AJ Auxerre, c’est une histoire de passion et de collaboration qui a marqué les esprits. À partir des années 1990, l’entreprise DUC, qu’il avait fondée, est devenue un sponsor clé du club. Les maillots arborant fièrement le nom de Bourgoin ont accompagné des générations de joueurs légendaires, parmi lesquels Enzo Scifo, Christophe Cocard, Pascal Vahirua et même Laurent Blanc. Ce dernier, figure emblématique du football français, avait été recruté de manière audacieuse en 1995 grâce à l’initiative de Bourgoin, une anecdote qui témoigne de son flair et de son engagement.
Vice-président de l’AJA entre 1978 et 2000, puis président en 2011, il a joué un rôle déterminant dans les grandes heures du club, soutenu par des figures légendaires comme Guy Roux. « Il a fait un village, une usine, un club », résumait Guy Roux en hommage à son ami. En effet, la contribution de Bourgoin à l’AJA ne se limite pas aux terrains : il a également influencé le développement économique et social de toute une région, plaçant Auxerre sur la carte mondiale du football.
Gérard Bourgoin, un pilier indéfectible de l’AJA
L’AJ Auxerre doit beaucoup à l’énergie, à la vision et à la ténacité de Gérard Bourgoin. Il n’était pas seulement un dirigeant, mais un bâtisseur. À une époque où de nombreux clubs peinaient à trouver leur identité, Bourgoin a su élever l’AJA en faisant preuve d’un sens aigu de la stratégie et de l’innovation. Il a transformé le club en une institution incontournable du football français.
Son rôle en tant que président, bien qu’éphémère entre 2011 et 2013, s’est inscrit dans une continuité de près de 30 ans de contribution active à l’AJA. Il s’est toujours battu pour les intérêts du club, que ce soit dans les négociations de sponsoring ou dans le recrutement des meilleurs talents. Sous sa direction, l’AJA a vu des moments de gloire, mais aussi des périodes de défis, qu’il affrontait avec un esprit combatif.
Au-delà de son rôle officiel, Bourgoin était un véritable passionné, toujours proche des supporters et des joueurs. Sa mémoire restera gravée dans le cœur de tous ceux qui ont vécu les grandes épopées de l’AJA, de ses exploits européens à ses luttes dans les divisions nationales.
Les zones d’ombre de sa présidence à la LFP
Bien que respecté pour ses contributions au football, la présidence de Gérard Bourgoin à la Ligue de football professionnel (LFP) entre 2000 et 2002 n’a pas été exempte de controverses. Succédant à Noël Le Graët, il a rapidement été confronté à une série de défis qui ont terni son mandat. Son implication dans des affaires judiciaires, notamment une mise en examen pour abus de pouvoir et abus de biens sociaux, a marqué cette période de turbulences.
Les tensions autour de la gestion des droits radios des matchs de championnat ont également soulevé des critiques acerbes de la part des clubs et des observateurs. Finalement, ces scandales ont conduit à son éviction, laissant une empreinte mitigée sur son passage à la tête de la LFP. Néanmoins, même dans cette période difficile, Bourgoin a montré un tempérament déterminé, tentant de réconcilier les intérêts divergents dans un milieu souvent complexe et compétitif.
Cette facette plus sombre de sa carrière n’efface cependant pas son héritage global, mais rappelle la complexité d’un homme qui a toujours cherché à laisser sa marque, parfois au risque de se heurter aux institutions.
Un visionnaire audacieux entre sport et affaires
Au-delà du football, Gérard Bourgoin était un entrepreneur visionnaire dont les ambitions allaient bien au-delà des terrains. Avec son ami Gérard Depardieu, il s’est lancé dans des investissements audacieux, notamment dans le secteur pétrolier à Cuba. Grâce à ses liens avec Fidel Castro, il avait obtenu des permis d’exploration pétrolière considérés comme prometteurs. Bien que ce projet n’ait pas abouti, il illustre l’esprit pionnier et audacieux de Bourgoin.
En tant que fondateur de l’entreprise DUC, il a également révolutionné l’industrie agroalimentaire en France. Sous sa direction, DUC est devenu un acteur majeur de la découpe de volailles, tout en soutenant le sport local à travers ses partenariats avec l’AJA. Cette capacité à combiner affaires et passion sportive est ce qui rend sa carrière si exceptionnelle.
Personnalité polyvalente, Bourgoin laisse derrière lui un héritage unique, mêlant succès, échecs et innovations. Ses initiatives, parfois critiquées, témoignent de son envie de repousser les limites et de laisser une empreinte durable, à la fois dans le sport et dans le monde des affaires.