Au mois de mai dernier, trois individus jeunes ont été inculpés par un juge antiterroriste pour leur implication présumée dans un complot visant à enlever et tuer deux personnes de la communauté des gens du voyage. Selon des sources proches de l’affaire, ce sinistre projet a été mis au jour par les autorités lors de leurs investigations sur un autre projet violent. Les accusés, âgés de 18 ans, sont soupçonnés d’avoir planifié de s’en prendre à un père et son fils, en utilisant des méthodes inspirées par la propagande djihadiste. Ils auraient également envisagé de hisser un drapeau de l’Etat islamique sur un château et d’incendier une gendarmerie. Placés sous contrôle judiciaire depuis fin mai, ils font l’objet de poursuites pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
L’affaire, maintenant scindée en deux volets, a débuté par le contrôle d’un jeune homme de 18 ans devant un magasin de CBD, qui a été arrêté en juillet 2023. Les enquêteurs ont découvert l’existence d’un groupe sur SnapChat où il et d’autres individus discutaient de l’idée d’attaquer un employé du magasin surnommé « le Chrétien » pour ses vidéos religieuses. Suite à cette arrestation, cinq autres suspects ont été inculpés, parmi lesquels un individu en détention provisoire placé sur écoute. Ce dernier semblait avoir projeté une autre attaque violente, cette fois contre des personnes de la communauté rom. Il était en contact avec les suspects du premier volet, des compatriotes de son village du Gard.
L’un des jeunes placés sous contrôle judiciaire a déclaré lors de sa garde à vue fin mai qu’il avait été intimidé par cet individu, qui proférait des menaces envers les gitans en invoquant le Coran et en envisageant de filmer ses crimes. L’avocat de ce dernier n’a pas souhaité réagir. Pour un autre avocat, Emmanuel de Dinechin, le travail du juge d’instruction consiste à distinguer les différents profils impliqués dans cette affaire complexe, où tous ne partagent pas la même affiliation à une idéologie islamiste.