Un prêtre âgé de 70 ans a été condamné le 8 novembre à une peine de dix-huit années de prison pour des actes de viol et d’agressions sexuelles perpetrés sur plusieurs enfants. Ces infractions ont majoritairement eu lieu lorsqu’il était curé dans le village de Massiac, situé dans le Cantal. En plus de l’emprisonnement, la justice a imposé au prêtre, Philippe Pouzet, une injonction de soins ainsi qu’une interdiction d’exercer toute activité liée aux mineurs à vie, sans possibilité de retour dans le Cantal durant cinq ans.
Le procès s’est déroulé devant la cour d’assises du Cantal, où l’avocat général, Paolo Giambiasi, avait plaidé pour une peine de quinze ans de réclusion, soulignant l’importance de ‘rendre justice’ aux victimes. Les charges retenues contre Pouzet incluaient des agressions sur quatre enfants d’une même famille, ainsi que le viol de l’un d’entre eux, survenu vers l’année 2017, ainsi qu’une agression commise en 1994 sur un adolescent aujourd’hui âgé de 44 ans.
Profil de l’accusé et de ses actes
Le prêtre, qui a officié à Massiac de 2011 à 2017, avait tissé des liens avec une famille nombreuse qui comptait sept enfants. Sa stratégie pour établir le contact comprenait l’organisation de soirées au presbytère, l’octroi de cadeaux, le prêt de son véhicule et même la prise en charge d’un abonnement téléphonique. Ces manœuvres lui ont permis de gagner la confiance de cette famille, qu’il a ensuite ciblée pour ses actes répréhensibles.
Durant son procès, Pouzet a reconnu plusieurs des agressions, y compris le viol d’un adolescent, tout en plaidant que les enfants étaient à l’initiative de ces rencontres. « Ils étaient en recherche d’eux-mêmes »
, a-t-il déclaré, une justification qui a suscité une vive réaction de l’avocat représentant les familles. Jean-François Canis a affirmé que l’accusé « ne reconnaissait pas aux victimes leur statut », exprimant ainsi l’absence de responsabilité assumée par le prêtre dans ses actes.
Le poids des témoignages et des preuves
Au total, dix victimes ont été entendues lors de ce procès difficile, avec des témoignages accablants, notamment celui d’un cinquième enfant de la même famille qui a affirmé avoir également été violé. L’enquête a révélé que l’Église était au courant des comportements problématiques du curé, mais elle avait néanmoins choisi de ne pas l’éloigner de ses fonctions. Des antécédents alarmants avaient été signalés, incluant un jugement en 1984 pour « attentat à la pudeur »
après des agressions sur deux enfants, incidents qui auraient dû alerter les responsables religieux sur la nécessité de prendre des mesures de sécurité.
Ancien évêque de Saint-Flour, Mgr Bruno Grua, a reconnu sa part de responsabilité, affirmant : « Bien sûr que, de temps en temps, je me dis que j’aurais dû être plus vigilant. »
Une directrice d’enquête a même affirmé que plusieurs prêtres étaient au courant des agissements de Philippe Pouzet, ajoutant : « Je ne sais pas pourquoi il n’a pas été écarté de son sacerdoce. »
Réactions et implications de la condamnation
Cette condamnation est un rappel brutal de la nécessité de vigilance au sein des institutions religieuses et de protection des enfants. Elle illustre également les défaillances du système en matière de prévention des abus sexuels. En affirmant que ses comportements étaient instinctifs, la défense du prêtre a créé une réaction négative parmi les familles de victimes et l’opinion publique. L’avocat de l’accusé a tenté de minimiser la gravité des actes en insistant sur l’aspect involontaire des gestes, ce qui a soulevé de nombreuses critiques.
Face à une telle situation, la justice a pris des mesures pour protéger la société en infligeant une lourde peine au coupable. Cependant, le scandale suscite des interrogations sur la manière dont de tels individus ont pu continuer leur ministère au sein de l’Église, laissant un sillage de douleur derrière eux.
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