Au cours des dernières décennies, l’histoire de Garbis Dilge illustre les complexités et les absurdités du système d’assignation à résidence en France. Âgé de 68 ans, cet homme a vécu isolé durant 25 années à Auzances, dans la Creuse, où il a finalement succombé à une maladie. Son décès soulève des questions sur la dignité humaine et le traitement des réfugiés dans un pays qui était censé les protéger.
Né en Turquie d’origine arménienne, Garbis Dilge a été assigné à résidence en raison de son passé judiciaire. Depuis les années 1990, il était sous le coup d’une expulsion qui ne pouvait être exécutée grâce à son statut de réfugié acquis dans les années 1970. Pourtant, cette situation ne l’a pas exempté de la vigilance des autorités qui, tout au long de sa vie, ont continué de le surveiller, même dans ses derniers instants à l’hôpital.
Un destin tragique en France
Les détails de la vie de Garbis Dilge révèlent un parcours tragique. Après avoir été assigné à résidence à Aubusson, il avait trouvé refuge dans le village d’Auzances. Son souhait de retourner dans la région parisienne où il avait de la famille est resté sans réponse. Il est important de souligner qu’il a passé la majorité de ce temps enfermé dans un quotidien où il ne bénéficiait d’aucun soutien, surtout durant sa maladie. Son cas est le symbole d’une longue lutte contre un système administratif devenu, selon ses avocats, « indigne ».
Les tentatives de son cabinet d’avocats, Bourdon et associés, pour mettre fin à cette assignation n’ont abouti à rien. Malgré plusieurs recours, leurs efforts pour alerter les autorités sur l’état de santé de Garbis n’ont pas suffi. Ce dernier était même sujet à des visites de gendarmes depuis son lit d’hôpital, une surveillance jugée par ses avocats comme un manque total de respect envers sa dignité humaine.
Réactions des avocats et des autorités
Les avocats de Garbis, MEs Bourdon, Brengarth et Villetard, n’ont pas caché leur indignation. Ils soulignent que ce traitement était le résultat d’un « acharnement administratif » et d’une indifférence inacceptable de l’État. La préfecture de la Creuse, cependant, a justifié cette situation en évoquant le comportement délinquant et récidiviste de Garbis Dilge, laissant planer un lourd écho de stigmatisation sur un homme déjà en grande détresse.
L’assignation à résidence en France
Ce triste événement soulève des interrogations profondes sur le système d’assignation à résidence en France. En 2022, plus de 19 000 personnes étaient sous cette mesure. Ces chiffres montrent une réalité complexe où des vies entières peuvent être définies par des décisions administratives, souvent éloignées des considérations humaines. Me Brengarth dénonce l’absence de proportionnalité dans ces mesures, une critique qui résonne encore plus dans le cas de Dilge, dont les infractions sont anciennes et ne reflètent plus la menace à l’ordre public.
Reflexion sur l’avenir
Le cas de Garbis Dilge pose la question de la gestion des réfugiés et des délinquants. Alors que les hommes et femmes sont souvent vus à travers le prisme de leurs actions passées, il est crucial de se rappeler leur humanité. Il est urgent de penser à des réformes qui permettent une approche plus humaine et plus juste pour toutes les personnes vivant sous l’ombre d’assignations à résidence.
En somme, l’histoire douloureuse de Garbis Dilge nous rappelle que derrière chaque statut administratif se cache un individu, souvent oublié par une société et un État qui devraient pourtant protéger les plus vulnérables.
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