Une plainte pour escroquerie et détournement de fonds publics a été déposée par l’association Anticor contre le groupe de crèches privées People & Baby. Cette action fait suite à des révélations d’un ouvrage récent, mettant en lumière des pratiques douteuses dans la gestion de ces établissements, notamment durant la période de crise sanitaire. Le président d’Anticor, Paul Cassia, a souligné l’absence de réaction significative des pouvoirs publics face à cette situation perturbante qui soulève des questions importantes sur le traitement des enfants et l’utilisation des fonds publics.
À Paris, l’association Anticor a décidé de réagir face à l’inertie des autorités en déposant une plainte le 12 novembre. Cette démarche intervient après la publication du livre Les Ogres du journaliste d’investigation Victor Castanet. Ce dernier met en lumière la gestion nébuleuse du groupe People & Baby, qui opère de nombreuses crèches privées en France. Selon M. Cassia, ce livre constitue « le point de départ » qui a poussé Anticor à agir. En effet, Castanet décrit la « voracité » de certaines entreprises dans le secteur des crèches, laissant entrevoir des problèmes graves tels que la maltraitance des enfants et des questions liées au droit du travail.
Les accusations portées contre People & Baby
Suite à une enquête approfondie, Anticor accuse le groupe People & Baby de plusieurs escroqueries, notamment celle concernant des fonds publics liés au chômage partiel pendant la pandémie de Covid-19. Selon l’avocat de l’association, Me Vincent Brengarth, les pratiques du groupe seraient frauduleuses, ayant continué à recevoir des aides au moment où de nombreux cadres étaient toujours en activité. Des soupçons de falsifications ont également été soulevés, concernant la présence effective des enfants inscrits dans ces crèches, un critère nécessaire pour obtenir des financements publics. On évoque également la possibilité d’une fraude liée à des aides destinées à des travaux dans ces établissements.
Les enjeux de la gestion des crèches privées en France
Les problèmes soulevés par cette affaire ne se limitent pas uniquement au groupe People & Baby. En effet, l’avocat a plaidé pour une enquête plus large, touchant également « d’autres opérateurs de crèches privées » qui pourraient être impliqués dans des pratiques similaires. Il rappelle qu’« au côté de crèches de grande qualité, soutenues par une pédagogie rigoureuse, il en existe d’autres aux standards bien plus dégradés », comme l’a confirmé un rapport de lInspection générale des affaires sociales (Igas), suite à la mort tragique d’un bébé dans une crèche à Lyon en 2022.
Les conséquences sur la société
Pour Inès Bernard, déléguée générale d’Anticor, les conséquences de ces infractions sont à la fois démocratiques et sociales. La question de la distribution d’aides publiques sans un contrôle rigoureux s’impose. À l’heure actuelle, la France dispose de 460 000 places d’accueil en collectivités, réparties entre crèches publiques, privées et associatives. L’escroquerie présumée, qui pourrait dépasser les 2,1 millions d’euros, soulève des préoccupations quant à la gestion des fonds publics et la sécurité des enfants.
Face à cette situation, People & Baby, dont l’ancien président a été évincé, a promis une transformation des pratiques au sein de l’entreprise. Dans un communiqué, la direction a déclaré vouloir mettre en place des « audits indépendants » pour restaurer la confiance et corriger rapidement tout dysfonctionnement constaté. Cette volonté de transparence est essentielle pour rassurer les familles qui confient leurs enfants à ces établissements.
À travers cette affaire, c’est l’ensemble du secteur des crèches privées qui est interrogé, avec des implications potentielles quant à la qualité de l’accueil des jeunes enfants et à la gestion des ressources publiques. Les attentes de la société envers ces structures continuent de croître, et il est crucial d’assurer une surveillance efficace pour garantir la sécurité et le bien-être des enfants accueillis.
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