Malgré les avancées, le sentiment d’injustice persiste. « Nous sommes à la veille d’une nouvelle réunion de concertation, mais nous n’avons pas de document de travail », s’agace M. Crochet. « La méfiance est à son comble. » Une attitude qui pourrait entraver le dialogue nécessaire à l’aboutissement du projet de revalorisation.
Alors que le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, s’était engagé à restaurer la confiance avec des enseignants malmenés sous l’ère de son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, c’est aujourd’hui la défiance qui règne sur le chantier phare de la revalorisation salariale des professeurs. Une nouvelle réunion de concertation, mercredi 15 février, n’est pas parvenue à faire baisser la tension, en dépit d’un geste en faveur des enseignants en fin de carrière, qui s’estiment lésés depuis le début des négociations.
Depuis la réélection d’Emmanuel Macron et la nomination de M. Ndiaye, la rue de Grenelle travaille sur une revalorisation – soumise à concertation jusqu’à la mi-mars – en deux temps : une partie sans contrepartie, dite « socle », et une partie pour les enseignants volontaires prêts à accepter de nouvelles missions, dite « pacte ». Sur le budget 2023, 635 millions d’euros sont dévolus aux augmentations inconditionnelles à partir de septembre 2023 – 1,9 milliard en année pleine –, et 300 millions d’euros au pacte pour cette année. Des sommes importantes, jugées « historiques » par Bercy et l’exécutif, mais insuffisantes par certains syndicats comme la FSU, au regard du décrochage par rapport aux autres pays de l’OCDE. Quant à leur ventilation, elle ne satisfait pas en l’état la communauté enseignante.
Comment en est-on arrivé à cette crispation ? Au fil des mois, les couacs de communication se sont enchaînés. Sur le volet inconditionnel, les 10 % d’augmentation promis par le chef de l’Etat sont devenus « 10 % en moyenne » et, dans les premiers documents de travail transmis aux syndicats, les pourcentages de hausse – de 23 % à 3 % selon l’ancienneté – intègrent celles déjà amorcées depuis 2020. Des tergiversations qui attisent le scepticisme, voire la colère des professeurs. « Les enjeux de la communication politique et médiatique ne sont pas en accord avec le bon déroulé du dialogue social », regrette ainsi Catherine Nave-Bekhti, l’une des responsables du SGEN-CFDT.
Au gré des scénarios qui circulent, chaque enseignant tente de faire ses calculs. Un enseignant titulaire débutera à 2 000 euros net par mois, conformément à la promesse d’Emmanuel Macron. Après une dizaine d’années de carrière, il pourra espérer atteindre 2 300 euros net contre environ 2 000 aujourd’hui et après vingt-cinq ans, 2 700 euros net contre environ 2 650 aujourd’hui, avec des possibilités de promotion au grade supérieur élargies.
Alors que le ministère de l’éducation nationale assume cette priorité donnée aux enseignants débutants, les plus en décrochage par rapport aux autres pays, la revalorisation des professeurs en milieu et fin de carrière est devenue un enjeu. Ces enseignants chevronnés « voient passer depuis 2020 et le Grenelle de l’éducation la mise en place de primes sans en bénéficier », explique Mme Nave-Bekhti. Sans compter l’inflation, qui rogne les avancées. « Ce qui pouvait être acceptable il y a encore deux ans ne l’est plus », affirme Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-UNSA.
Malgré les avancées, le sentiment d’injustice persiste. « Nous sommes à la veille d’une nouvelle réunion de concertation, mais nous n’avons pas de document de travail », s’agace M. Crochet. « La méfiance est à son comble. » Une attitude qui pourrait entraver le dialogue nécessaire à l’aboutissement du projet de revalorisation. De plus, l’absence de communication claire et de documents de travail détaillés ne favorise pas l’avancée des négociations.
La revalorisation salariale des professeurs français est un enjeu majeur pour l’éducation nationale, et le ministre Pap Ndiaye et son équipe sont engagés à trouver une solution satisfaisante pour tous les acteurs concernés. Cependant, entre les tergiversations et les couacs de communication, la mise en œuvre de ce projet se heurte à des obstacles. L’absence de document de travail et de communication claire ne favorise pas l’avancée des négociations. La revalorisation salariale des professeurs débutants est une priorité pour le gouvernement, mais les enseignants en milieu et fin de carrière se sentent lésés et continuent à réclamer une revalorisation plus juste.
Mots-clés : Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer, Emmanuel Macron, FSU, Catherine Nave-Bekhti, Stéphane Crochet, Revalorisation Salariale, Enseignants, Professeurs.