L’ancienne maire de Canteleu, Mélanie Boulanger, a été définitivement acquittée des accusations de complicité dans un réseau de trafic de drogues. Le parquet général, en charge des poursuites au niveau de la cour d’appel de Paris, a annoncé le 9 décembre 2024 qu’il se désistait de l’appel initial, permettant ainsi à Mme Boulanger de retrouver son statut sansl’ombre d’un procès supplémentaire. Ce revirement de situation, très attendu, souligne un soulagement pour l’ex-élue, qui avait déjà été mise hors de cause par le tribunal correctionnel de Bobigny en juillet.
Le cadre du procès, qui a suscité une attention médiatique considérable, s’est étendu sur plusieurs mois, impliquant pas moins de 18 accusés. Ce groupe était relié à un trafic considérable de drogues, plongeant son origine dans une commune souvent frappée par la précarité, Canteleu. En effet, ce réseau criminel a été évalué par le tribunal à un chiffre d’affaires astronomique de 15 millions d’euros entre 2019 et 2021, ce qui en fait une affaire d’une ampleur remarquable pour la région.
Le parquet de Bobigny avait jusqu’ici requis une peine d’un an de prison avec sursis, assortie d’une inéligibilité pendant cinq ans et d’une amende de 10 000 euros à l’encontre de Mélanie Boulanger. Cependant, la cour a finalement statué qu’il n’existait aucune preuve tangible justifiant des accusations de complicité à son égard. L’avocat de l’ex-maire, Antoine de Saint-Rémy, a exprimé sa satisfaction, mettant en lumière la complexité émotionnelle que cette affaire a engendrée pour sa cliente.
Un contexte judiciaire tumultueux
Le jugement rendu par le tribunal correctionnel de Bobigny a été marqué par des débats houleux. Entre mai et juin 2024, les audiences ont révélé des liens troublants entre Mélanie Boulanger et son adjoint, souvent en contact avec les trafiquants de drogue. Toutefois, en dépit de cet affaiblissement des normes déontologiques, l’absence d’un quelconque « acte positif » dans le dossier a conduit à l’innocence de l’ancienne élue. « Cette situation démontre qu’une simple proximité ne justifie pas des accusations aussi graves », a souligné son avocat.
Des ramifications au-delà des individus
Au-delà de l’impact personnel pour Mélanie Boulanger, cette affaire expose les enjeux plus larges du trafic de stupéfiants en France, spécialement dans des zones à forte vulnérabilité économique comme Canteleu. La région, souvent aux prises avec des dynamiques de pauvreté et de criminalité, illustre comment des réseaux criminels peuvent prospérer en exploitant des conditions socio-économiques précaires. Le chef de ce réseau, Aziz Meziani, alias « Le U », a été condamné par contumace à une peine sévère de dix ans de réclusion et se trouve toujours en fuite au Maroc.
Perspectives et leçons à tirer
Cette affaire a non seulement soulevé des interrogations sur le fonctionnement interne des municipalités, mais elle invite également à une réflexion sur la prévention du trafic de drogues. Les autorités doivent envisager des politiques plus robustes pour endiguer ces phénomènes avant qu’ils ne prennent de l’ampleur. Les débats autour de la déontologie en politique et son enchevêtrement avec la criminalité exigent une vigilance accrue, tant de la part des décideurs que des citoyens.
À l’heure où les enjeux liés à la drogue sont au centre des préoccupations en France, cette relaxe pourrait inciter à renforcer la législation et à repenser les approches de lutte contre la délinquance organisée.
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