Au cœur du quartier du Chemin-Bas-d’Avignon à Nîmes
Au Chemin-Bas-d’Avignon, un quartier prioritaire de la ville de Nîmes, les rues sont presque désertes, en plein milieu d’après-midi, ce jeudi 22 février. Ici pourtant, les écoliers sont en vacances, mais peu de familles s’engagent sur les trottoirs, et les aires de jeu sont vides, les terrasses de cafés désertées. Le quartier semble mis à l’arrêt.
Un contexte de violence persistante
Mardi 20 février, en début de soirée, un homme de 39 ans, connu des services de police, a été tué par balles sous les yeux de son fils de 8 ans qui se trouvait dans la voiture, et qui n’a miraculeusement pas été touché. Ce nouveau drame s’est produit dans un contexte déjà très lourd. Dix jours plus tôt, une double fusillade avec des hommes cagoulés avait éclaté à l’heure de la sortie des classes, et juste au moment où arrivait un bus scolaire. Les écoliers avaient dû être confinés dans l’école ou couchés dans le bus, avant de pouvoir quitter les lieux sous haute protection policière.
Après le décès de mardi, ni le maire, Jean-Paul Fournier (Les Républicains), ni le préfet, Jérôme Bonet, n’ont encore réagi. « Il n’y a pas grand-chose à dire », confie-t-on dans l’entourage du préfet, qui avait toutefois communiqué autour de la dernière opération « place nette », la huitième menée à Nîmes, pour lutter contre le trafic de stupéfiants et la délinquance, effectuée dans ce quartier la nuit du mardi 13 au mercredi 14 février, et ayant permis l’arrestation de quatre personnes, dont une en situation irrégulière.
Un quartier sous tension depuis des années
Depuis des années, les 7 200 habitants de cette cité vivent dans un stress permanent en raison du trafic de drogue. C’est dans ce même quartier que, en juin 2020, la mort d’Anis, un jeune de 21 ans tué un dimanche soir d’une balle perdue, avait traumatisé la population. Ici aussi que, l’année suivante, l’école Georges-Bruguier, cernée par le trafic de drogue, et dont la façade avait été quelques années plus tôt criblée de balles, a vécu durant des mois l’enfer jusqu’à voir débarquer dans la cour deux dealers cagoulés, sous les yeux des enfants.
Le quotidien est devenu « usant », explique Roselyne Ben Ali, présidente du club de football du Chemin-Bas-d’Avignon, et habitante du quartier. « À tout moment, ça peut éclater, à n’importe quelle heure de la journée. On ne sait plus quand sortir, sur quel trottoir marcher, car ça tire le jour, la nuit. Tout le monde est perdu, les parents sont inquiets, les enfants n’osent plus sortir, et ça tue le commerce. Le jour de la fusillade, j’allais chez le médecin et j’étais dans la rue une demi-heure plus tôt. On se dit que notre vie ne tient plus à grand-chose. »
Mots-clés:
Nîmes, Chemin-Bas-d’Avignon, violence, trafic de drogue, précarité, fusillade, quartier prioritaire, tension, traumatisme, délinquance, sécurité