lundi 11 novembre 2024
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Féminicide choquant : la justice et l’inaction fatale !

Le féminicide tragique de Bouchra Bouali, survenu à Épinay-sur-Seine, a mis en lumière les défaillances du système judiciaire en France. Le 11 octobre, Khalid Fahem, âgé de 54 ans, a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa femme en la poignardant à 16 reprises, neuf jours après sa sortie de prison. Ce drame soulève des questions cruciales sur la protection des victimes de violences conjugales et les implications d’une justice parfois aveugle face à des menaces pressantes.

Le contexte de ce féminicide est d’autant plus perturbant que Bouchra Bouali bénéficié de mesures de protection en raison des violences antérieures commises par son mari. Le 11 octobre, la cour d’assises de Seine-Saint-Denis a rendu son verdict après une délibération de quatre heures, déclarant Khalid Fahem coupable du meurtre brutal de sa compagne. Il avait purgé une peine pour violences conjugales, sortant de prison seulement quelques jours avant de commettre l’irréparable. La justice ne l’a pas informée de sa libération, une omission qui aurait pu prévenir cette issue tragique.

Une victimisation silencieuse

Bouchra Bouali, une femme de 44 ans et gérante d’un commerce, vivait dans la terreur, protégée par des mesures qui se sont avérées insuffisantes. En conséquence de la résurgence de ses craintes, elle avait fait preuve d’une vigilance accrue, allant jusqu’à s’équiper d’un Taser et d’une bombe lacrymogène, témoignant d’un état de siège permanent dans sa propre vie. La tristesse de sa situation est mise en relief par sa fille de 17 ans, qui était au téléphone avec sa mère au moment du drame, elle a souligné que son père avait seulement en tête l’argent et « tuer ma mère ».

Le réquisitoire de l’avocate générale, Marina Kieny, illustre bien l’impact émotionnel de cette affaire sur la communauté judiciaire, en particulier pour ceux qui avaient tenté de protéger Bouchra. L’oubli de la justice d’informer Bouchra de la sortie de prison de Khalid Fahem représente une défaillance systémique, soulignant la nécessité d’améliorer les protocoles de sécurité pour les victimes.

Des erreurs qui coûtent des vies

Alors que l’on a intellectuellement reconnu la gravité de l’erreur judiciaire, la question demeure : cela aurait-il suffi à éviter ce drame ? Bouchra, qui s’était équipée d’équipements de défense comme des caméras de vidéosurveillance et même un gilet pare-balles, était en proie à une angoisse palpable. Son histoire fait écho à des milliers de victimes de violences conjugales, souvent abandonnées à leur sort. La plainte portée par Bouchra avait conduit à une première incarcération de Khalid Fahem, mais sa souffrance n’a guère diminué.

Un meurtre violent et prémédité

Dès sa libération, Khalid Fahem échafaudait un plan meurtrier. Ses anciens codétenus ont témoigné de ses intentions claires : il voulait sa femme morte. Au soir du 26 novembre 2021, il attendait Bouchra au bas de son immeuble, aiguisant un couteau fraîchement acheté tout en observant leurs deux filles. Le témoignage déchirant de la grande sœur de Bouchra, qui a décrit sa mère vivant dans un état de tension constante, ajoute une dimension tragique à cette affaire. La brutalité des coups portés, à un tel point que la lame a été déformée, illustre la froideur et la détermination de son agresseur.

Khalid Fahem a tenté de se défendre en arguant qu’il n’avait pas agi intentionnellement, une déclaration qui peine à convaincre face à la préméditation manifeste de son acte. En moyenne, un féminicide a lieu tous les trois jours en France, et les chiffres alarmants continuent de croître. En 2023, 94 cas ont été recensés, contre 118 l’année précédente, ce qui montre la persistance d’une violence systémique à l’égard des femmes.

La condamnation sévère de Khalid Fahem, bien qu’elle soit un pas vers la justice, soulève la question cruciale de la protection des victimes et de la responsabilité du système judiciaire. Les femmes doivent être soutenues et leurs voix entendues, faute de quoi des tragédies similaires risquent de se reproduire. La nécessité d’un renforcement des mesures de protection et d’une sensibilisation accrue à ce fléau sociétal ne saurait être sous-estimée.

Mots-clés: meurtre, féminicide, violences conjugales, justice, protection des victimes, Seine-Saint-Denis

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