L’inquiétude grandissante des enseignants face aux violences et à la tension entre jeunes et police en banlieue
Pendant la journée du 27 juin, les enseignants de Nanterre ont été saisis par une terrible nouvelle. Nahel, un jeune de 17 ans, a été tué par un policier. Cette tragédie a provoqué un sentiment de vertige chez Claire, enseignante d’histoire-géographie au lycée Joliot-Curie. Elle décrit cette nouvelle comme un « jet de flammes sur un baril de poudre ». Claire connaît bien la réalité de ses élèves, habitant pour la plupart dans la cité Pablo-Picasso. Elle sait que cette population est en contact régulier avec la police et que la tension est permanente dans ce contexte. Les enseignants interrogés par Le Monde partagent cette préoccupation face à la violence qui éclate dans de nombreuses communes françaises. Leur affliction est d’autant plus grande que certaines personnes interpelées sont âgées de moins de 18 ans, voire seulement de 12 ans.
Le fatalisme prévaut chez ces enseignants qui doivent faire face à une crise profonde. Chiraz, enseignante de physique chimie à Garges-lès-Gonesse, déplore une situation qui semble inévitable. Selon elle, tous les éléments étaient réunis pour que cela dégénère. Elle observe chez ses élèves, dès l’âge de 11 ou 12 ans, des contrôles, des fouilles, des invectives, des courses-poursuites, voire des altercations violentes avec les forces de l’ordre. Les violences policières font partie intégrante de leur quotidien et la police n’est pas perçue comme une protection.
La crainte de la police est également présente chez les collégiens de Benjamin Marol à Montreuil. Cet enseignant d’histoire-géographie aborde régulièrement les émeutes de 2005 avec ses élèves de 3e. Ces jeunes, bien trop jeunes pour avoir vécu ces événements, connaissent néanmoins l’histoire tragique de Zyed Benna et Bouna Traoré, morts électrocutés à Clichy-sous-Bois en essayant de fuir un contrôle de police. Face à cette réalité, Benjamin constate que la réaction des élèves est univoque : ils s’enfuient à la vue de la police, même s’ils n’ont rien à se reprocher. Ce sentiment est partagé par de nombreux jeunes des quartiers populaires.
La relation conflictuelle entre les jeunes en banlieue et la police est un véritable problème, comme en témoignent les témoignages des enseignants. Cette situation nécessite une réflexion profonde et des mesures doivent être prises pour favoriser le dialogue et la compréhension mutuelle entre les forces de l’ordre et les jeunes. La confiance doit être rétablie pour éviter toute escalade de violence.
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