La bronchiolite, maladie respiratoire dangereuse pour les jeunes enfants, est en nette progression en France. Selon les derniers rapports, elle touche déjà sept régions métropolitaines, ainsi que les Antilles et la Guyane. Avec des chiffres alarmants, incluant près de 32,9 % des admissions en service de réanimation chez les moins de 2 ans, les pédiatres expriment des préoccupations face à l’accès limité à des traitements préventifs, notamment le Beyfortus, un anticorps monoclonal prometteur.
Cette saison hivernale, environ 245 000 doses de nirsévimab, commercialisées par Sanofi sous le nom de Beyfortus, ont été mises à disposition en France, principalement au sein des maternités. En effet, le gouvernement a pris l’initiative de financer ce traitement innovant, permettant aux nourrissons de mieux combattre le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la majorité des cas de bronchiolite. De récentes études cliniques, appelées Melody et Harmonie, ont prouvé l’efficacité de ce médicament en réduisant les risques d’hospitalisation de 62 à 83 %. Toutefois, des restrictions financières pourraient limiter l’accès à ce traitement pour certaines familles.
Des inquiétudes face à l’épidémie de bronchiolite
Chaque année, la bronchiolite entraîne de nombreux passages aux urgences, et cette saison ne fait pas exception. Selon un bulletin de Santé publique France publié le 27 novembre 2023, entre le 18 et le 24 novembre, 13,7 % des visites aux urgences étaient liées à cette infection. Les statistiques sont encore plus préoccupantes, avec des taux d’hospitalisation atteignant 27,2 % pour les enfants de moins de 2 ans, et 32,9 % nécessitant des soins en réanimation.
Afin de pallier ces enjeux, les pédiatres s’alarment quant aux coûts d’accès au traitement préventif Beyfortus, notamment en raison de l’absence de remboursement adéquat par l’Assurance-maladie en 2024. Bien que la première injection soit gratuite pour les nouveau-nés à la maternité, les parents devront se préoccuper du remboursement de la mutuelle pour les futures doses, avec un reste à charge pouvant atteindre 281,26 euros.
Un traitement précieux mais problématique
Le traitement préventif proposé, nirsévimab, est révolutionnaire dans le domaine de la pédiatrie. En effet, il constitue la première option efficace pour protéger les nourrissons contre la bronchiolite. Les pédiatres mettent en avant l’importance de cette immunisation passive, d’autant plus dans la période hivernale où le risque d’infection est accru. « Ce traitement pourrait véritablement sauver des vies »,
croisent les professionnels de santé.
Pourtant, la complexité du remboursement du Beyfortus soulève des inquiétudes. Environ 96 % des Français disposent d’une mutuelle, qui pourrait couvrir les frais nécessaires après la première injection. Néanmoins, le faible pourcentage de remboursement de 30 % proposé par l’Assurance-maladie soulève des doutes.
Les conséquences financières du traitement
Les inquiétudes concernant Beyfortus sont amplifiées par la crainte d’une inégalité d’accès au traitement. Des organisations comme la Société française de pédiatrie (SFP) ont émis des doutes quant aux implications de ce faible remboursement, affirmant que cela pourrait « pénaliser les familles les plus modestes ». La mise à disposition d’un stock d’État est louable, mais si le financement n’est pas renforcé, de nombreux enfants risquent de ne pas bénéficier de cette protection essentielle.
Il est donc crucial d’interroger les structures de remboursement et d’agir afin de garantir que tous les enfants, particulièrement ceux issus de milieux défavorisés, aient accès à ce traitement salvateur. La santé des nourrissons a un coût, et chaque décision prise aura un impact direct sur le bien-être de nos plus jeunes.
Mots-clés: bronchiolite, Beyfortus, pédiatrie, virus respiratoire syncytial, nirsévimab, remboursement, santé publique