Les résultats des législatives 2024 ont apporté une cruelle désillusion au sein du QG parisien du Rassemblement National (RN). Alors que les militants espéraient une performance historique, les annonces ont brisé leurs espoirs, plongeant l’assemblée de partisans dans un mélange de stupéfaction et de tristesse. Entre déception visible et sentiment de trahison, cette soirée électorale a mis en lumière les défis persistants auxquels le RN doit faire face pour transformer son soutien populaire en pouvoir politique concret. Une analyse de cette soirée aux multiples rebondissements nous éclaire sur les enjeux futurs pour le RN.
Déception nationale au QG du RN après les résultats des législatives 2024
Au QG parisien du Rassemblement National, l’ambiance était électrique avant l’annonce des résultats des législatives 2024. Les militants, les yeux rivés sur leurs téléphones, cherchaient désespérément des sondages plus optimistes. Les visages défaits, les espoirs de victoire s’amenuisaient. La tension était palpable : les bouteilles de champagne restaient intouchées sur les tables du buffet. Au Parc Floral de Paris, la déception était omniprésente ce dimanche soir.
À 20 heures, les militants se sont regroupés devant les écrans, malgré leur scepticisme. La dure réalité s’est imposée : malgré des sondages prometteurs, le Rassemblement National a terminé en troisième position, loin derrière le Nouveau Front Populaire et le camp macroniste. Cette gifle électorale a laissé les militants KO debout. « Il y a beaucoup de déception, bien sûr, on espérait plus de sièges », soupire Luna, une militante de 20 ans. L’idée de progrès persiste pourtant, et certains gardent espoir pour 2027, espérant la chute du barrage anti-RN.
Le RN face à un barrage infranchissable malgré les sondages
Le « front républicain », une alliance entre la gauche et le camp présidentiel, a été la clé de la défaite du RN. La déception est visible parmi les militants, comme le souligne Eléa : « On savait que ce serait compliqué avec un tel barrage contre nous. » Le sentiment de diabolisation était fort ce soir-là. Sur les écrans, les victoires de François Hollande et d’Élisabeth Borne contre des candidats RN déclenchaient des huées.
La soirée a été marquée par un climat de frustration et d’incompréhension. « Bardella a apporté quelque chose de nouveau. Les gens finiront par comprendre qu’on n’est pas un danger pour le pays », espère une militante, verre de vin vide en main. Cette élection a démontré une nouvelle fois que le RN se heurte à un mur presque infranchissable, une alliance de toutes les forces politiques pour les empêcher d’accéder au pouvoir.
Jordan Bardella et les perspectives futures du RN
Jordan Bardella, leader du Rassemblement National, a pris la parole pour tenter de redonner espoir à ses partisans. Il a dénoncé « l’alliance du déshonneur et les arrangements », mais a insisté sur la percée historique du parti. En effet, entre 120 et 152 députés RN entreront au Palais Bourbon, un bond impressionnant par rapport aux 89 députés de 2022. « Rien ne peut arrêter un peuple qui s’est remis à espérer », a-t-il déclaré avec conviction.
Cependant, la déception se lisait sur son visage. Bardella, qui se voyait déjà à Matignon, doit accepter une nouvelle fois la réalité du « plafond de verre » auquel se heurte son parti. Malgré le succès relatif, la route vers le pouvoir reste semée d’embûches. Pour Bardella, l’avenir repose sur la continuation de cette dynamique, en espérant que la popularité croissante du RN finira par briser les résistances politiques.
Les facteurs internes de la défaite du RN
Au-delà des alliances externes, le Rassemblement National doit aussi faire face à ses propres erreurs internes. Mathilde Androuët, eurodéputée RN, a exprimé sa frustration concernant la campagne troublée par des « errements programmatiques » et les scandales entourant certains candidats. Ces « casseroles » ont souvent révélé un parti encore loin de la normalisation qu’il revendique.
« Je ne mets pas sur le même plan les horreurs de certains qu’on a pu découvrir et les maladresses, mais certains profils n’étaient pas prêts pour cette campagne », admet l’élue. Cette reconnaissance des faiblesses internes montre que le RN doit encore travailler sur la sélection de ses candidats et sur la cohérence de son programme pour pouvoir réellement transformer ses succès électoraux en pouvoir exécutif.
L’avenir incertain mais porteur d’espoir pour le RN
Malgré la déception, quelques militants restent optimistes concernant l’avenir du Rassemblement National. Marine Le Pen a fait une apparition brève mais symbolique, reflétant une présence toujours forte mais discrète. « Le RN était l’ennemi à abattre, mais il reste un petit plafond de verre », admet Vianney, 23 ans. Il estime que l’Assemblée restera ingouvernable et que cela pourrait jouer en faveur du RN à l’avenir.
Certains se tournent déjà vers les prochaines échéances électorales : les municipales de 2026, la présidentielle de 2027, voire une éventuelle nouvelle dissolution de l’Assemblée dans un an. « On envisageait Bardella à Matignon, c’est perdu. Mais ce n’est pas si mauvais pour nous, on a progressé », insiste Dominique Fouilland. Bien que ce dimanche soir soit marqué par la tristesse, l’espoir n’est pas complètement éteint pour les militants du RN.
Marine Le Pen et les autres figures du RN en retrait
Cette élection a également marqué un changement au sein du leadership du Rassemblement National. Marine Le Pen, autrefois figure de proue du parti, s’est montrée en retrait par rapport à des visages plus jeunes comme Jordan Bardella. Sa présence fugace lors de la soirée indique peut-être une volonté de laisser la nouvelle génération prendre les devants.
Les autres figures emblématiques du parti, quant à elles, ont également été moins visibles. Cette stratégie pourrait indiquer un désir de renouvellement et de modernisation du RN. Cependant, cet effacement pose la question de la cohérence et de la direction future du parti. Avec une base militante en demande de leadership solide, le RN devra naviguer ces eaux troubles pour maintenir son élan progressif sans perdre son socle électoral traditionnel.