Marine Le Pen prend pour la première fois ses distances avec Frédéric Chatillon, ami et ancien prestataire du Rassemblement national. Ce dernier est connu pour être une figure du milieu nationaliste révolutionnaire, un courant néofasciste voulant combattre notamment l’impérialisme « américano-sioniste », ainsi que pour sa participation au défilé de croix celtiques du 6 mai dans les rues de Paris. Cette manifestation a été considérée par beaucoup d’observateurs du Rassemblement national comme un défi lancé à la patronne, malgré le fait que les deux quinquagénaires soient des habitués de longue date de ce défilé traditionnel de l’extrême droite radicale.
Marine Le Pen a toujours été fidèle à Frédéric Chatillon et lui a fait directement appel à leurs services pour l’impression de son matériel de campagne, sa communication numérique et la gestion financière de son microparti politique jusqu’en 2017. Toutefois, l’apparition d’Axel Loustau lors de la manifestation néo-fasciste du 6 mai a incité Marine Le Pen à prendre ses distances avec Frédéric Chatillon.
Une prise de distance qui s’avère être une mise en garde, car Marine Le Pen ne veut pas voir ses ambitions élyséennes entravées par Frédéric Chatillon et son associé Axel Loustau, eux aussi anciens « gudards ». La cheffe de file du parti d’extrême droite est persuadée de pouvoir accéder à l’Elysée en 2027, mais elle se doit de défendre les valeurs qu’elle prône.
En privé, Marine Le Pen répète souvent cette phrase : « [Jean-Marie] Le Pen a toujours dit que l’extrême droite avait bousillé sa carrière » – évoquant par là les plus radicaux de son camp, qu’elle a purgés du Front national après son accession à la présidence, en 2011. Ainsi, tout prestataire ayant pris publiquement position en faveur d’une idéologie radicalement différente de celle du Rassemblement national doit s’attendre à des conséquences.
Frédéric Chatillon, vivant en Italie depuis plusieurs années, annonce dans un entretien au site d’extrême droite Breizh-Info paru mercredi 10 mai son intention d’être présent lors du défilé de mai 2024. Ce rendez-vous commémorera les 30 ans de la mort du militant de l’Œuvre Française Sébastien Deyzieu, le jour d’une manifestation interdite « contre l’impérialisme américain » à l’appel, notamment, du GUD de Frédéric Chatillon. Ainsi, l’ex-leader du GUD continue à se montrer proche des milieux d’extrême droite, malgré les mises en garde de Marine Le Pen.
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