jeudi 19 septembre 2024
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Macron aux JO : Les raisons de l’agacement généralisé

Depuis le coup d’envoi des Jeux Olympiques 2024, le président Emmanuel Macron a adopté une posture des plus visibles, suscitée par un engagement omniprésent aussi bien sur le terrain que sur les réseaux sociaux. Bien que son entourage ait initialement promis une attitude discrète et effacée, correspondante à celle d’un « Français parmi les Français », le chef de l’État a multiplié les apparitions publiques et les félicitations aux athlètes, alimentant une polémique grandissante. Face à cette stratégie, de nombreux critiques y voient une tentative évidente de récupération politique, visant à redorer son image après plusieurs revers électoraux.

Emmanuel Macron et les JO 2024 : Une omniprésence critiquée

Depuis le début des Jeux Olympiques de 2024, Emmanuel Macron s’est montré extrêmement présent, tant sur le terrain que sur les réseaux sociaux. Cette omniprésence n’est pas sans susciter des critiques. Avant le début des compétitions, l’entourage du président avait promis qu’il adopterait une posture de simple spectateur, un « Français parmi les Français ». Pourtant, le chef de l’État a adopté une approche bien différente, multipliant les apparitions publiques pour féliciter les athlètes français.

Cette stratégie de communication, perçue par beaucoup comme une tentative de récupération politique, a vite agacé l’opposition. Les critiques pointent du doigt un président qui cherche à surfer sur les succès sportifs pour redorer son image après des échecs électoraux. Des figures politiques comme Hélène Laporte n’ont pas manqué de dénoncer cette attitude, parlant ouvertement de « récupération politique ».

Emmanuel Macron n’a pas hésité à enchaîner les visites express dans différents sites olympiques, une démarche qui, selon ses adversaires, vise à maximiser sa visibilité médiatique. Le président semble vouloir capitaliser sur chaque médaille et chaque victoire française pour renforcer sa popularité. Cependant, cette omniprésence pourrait bien se retourner contre lui si elle est perçue comme trop opportuniste.

Le marathon présidentiel : les visites express de Macron lors des JO

Le vendredi dernier, Emmanuel Macron a entamé un véritable marathon présidentiel en visitant pas moins de six sites olympiques en une demi-journée. Un rythme effréné qui lui a permis de parcourir en moins de vingt minutes la distance entre La Défense Arena à Nanterre, où il a salué Léon Marchand, et Saint-Quentin-en-Yvelines pour célébrer le triplé français en BMX. Cette série de visites express a été remarquée et commentée tant par les médias que par ses adversaires politiques.

Cependant, cette frénésie de déplacements n’est pas seulement une question de sport. Pour beaucoup, il s’agit d’une tentative claire de Macron de regagner en popularité après deux échecs électoraux consécutifs. L’opposition y voit une manœuvre politique visant à faire oublier ses récentes déconvenues en mettant l’accent sur les succès français aux JO. « Macron tente de s’offrir une cure de popularité lors de ces JO », a dénoncé Hélène Laporte sur X.

Cette tactique a un double objectif : montrer un président actif et proche des sportifs, tout en détournant l’attention des problèmes politiques internes. Malgré les critiques, Macron semble décidé à continuer sur cette voie, misant sur la forte visibilité des Jeux Olympiques pour soigner son image et renforcer son lien avec les Français.

Attitude tactile : les gestes de Macron qui font débat

Parallèlement à son activisme médiatique, l’attitude tactile d’Emmanuel Macron a également soulevé des débats. Lors de ses nombreuses apparitions, le chef de l’État n’a pas hésité à se montrer tactile, embrassant et tapotant les épaules des athlètes, ce qui a créé un malaise chez certains observateurs et élus. La députée écologiste Sandrine Rousseau a notamment exprimé son inconfort sur X en qualifiant ces gestes d’« inappropriés ».

Les marques d’affection de Macron envers les sportifs, comme les câlins à Teddy Riner ou les tentatives de consoler la judokate Romane Dicko après sa médaille de bronze, n’ont pas fait l’unanimité. Pour certains, ces gestes relèvent de la sincérité et de l’empathie ; pour d’autres, ils sont vus comme une forme de récupération émotionnelle dans un but politique.

Ce n’est pas la première fois que le président est critiqué pour sa proximité physique. Des précédents existent, comme lors de la consolation de Kylian Mbappé après la défaite en finale face à l’Argentine, qui avait également suscité des polémiques. Alexandre Eyries, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, souligne que cette attitude peut être perçue différemment selon les contextes et les publics, mais qu’elle reste une stratégie à double tranchant.

Pause politique : Macron retarde le choix du Premier ministre

En pleine période de Jeux Olympiques, Emmanuel Macron a décidé de mettre sur pause une décision cruciale : le choix du futur Premier ministre. Cette décision de retarder la nomination n’est pas sans conséquence et suscite des réactions vives au sein de l’opposition. Pour certains, il s’agit d’une stratégie délibérée destinée à profiter de l’engouement médiatique des JO pour faire oublier les revers politiques récents.

Ersilia Soudais, députée insoumise, critique cette manœuvre en accusant le président d’utiliser l’image des JO pour détourner l’attention des enjeux politiques. « La logique aurait voulu que le gouvernement soit changé avant le début des épreuves », affirme-t-elle. Cette pause olympique permet à Macron de mettre en avant les succès sportifs au détriment des discussions politiques.

En attendant une décision, c’est Gabriel Attal et son gouvernement démissionnaire qui restent aux commandes, comptabilisant les médailles et les succès olympiques. L’eurodéputée Manon Aubry dénonce une trêve à sens unique : « On ne peut pas parler politique mais lui peut exploiter chaque succès ». Cette situation crée un climat d’incertitude politique, masqué temporairement par l’euphorie des Jeux, mais qui finira par resurgir une fois les compétitions terminées.

Réseaux sociaux : Macron et l’autosatisfaction olympique

Sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron ne manque pas de manifester son enthousiasme et son autosatisfaction face aux performances des athlètes français. Le président utilise notamment Instagram pour publier des messages de félicitations accompagnés de jeux de mots créatifs. « Marchand de rêve », « Le petit prince est grand » ou encore « Once ippon a time, Teddy Winner ! », sont quelques-unes de ses récentes publications.

Cette omniprésence numérique soulève des questions sur la stratégie de communication de Macron. Alexandre Eyries y voit une volonté de capitaliser sur l’image symbolique des victoires pour tenter de tirer des bénéfices de popularité personnelle. L’analyste note que cette pratique est typique de la « stratégie du ruissellement », où les succès collectifs sont utilisés pour renforcer l’image individuelle.

Cependant, cette autosatisfaction en ligne ne fait pas l’unanimité. Pour certains, elle traduit une récupération excessive et opportuniste des réussites sportives. En surfant sur la vague des émotions liées aux JO, Macron cherchera à détourner l’attention des enjeux politiques plus complexes. Mais cette parenthèse enchantée pourrait bien se refermer rapidement, et les défis politiques reviendront sur le devant de la scène une fois les Jeux terminés

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