Le 23 novembre 2014, Emmanuel Macron a visité le camp de concentration de Natzweiler-Struthof, situé au cœur des Vosges. Ce jour-là, à Strasbourg, il a officialisé l’entrée de l’historien et résistant Marc Bloch au Panthéon. Cette reconnaissance s’inscrit dans un hommage à son travail et à son engagement durant la Seconde Guerre mondiale, que le président a souligné avec ferveur. Au cours de cette cérémonie, il a rendu hommage à la force d’esprit et au courage exemplaire de cet intellectuel alsacien, tout en éclairant son héritage historique.
La décision d’honorer Marc Bloch par cette panthéonisation, annoncée depuis l’aula de l’Université de Strasbourg, a été accueillie avec émotion et fierté par sa famille. Auprès de Daniel et Hélène, Bloch a prononcé des mots empreints de reconnaissance pour le parcours de cet homme qui a su influencer la discipline historique et incarner la résistance face à l’oppression.
Hommage à un Grand Historien Résistant
Emmanuel Macron n’a pas seulement rappelé l’œuvre significative de Marc Bloch, comme son livre emblématique L’Etrange Défaite, mais a aussi évoqué le parcours tragique de cet intellectuel originaire d’une famille juive alsacienne. Professeur d’histoire du Moyen Âge à Strasbourg entre 1919 et 1936, Bloch a joué un rôle décisif dans la Résistance française. Capturé et exécuté par la Gestapo le 16 juin 1944, il avait dénoncé, dans son écriture, l’effondrement de la volonté nationale face au conservatisme et au conformisme. « La volonté française émoussée par le conservatisme, endormie par le conformisme, amollie par la bureaucratie »
, écrivait-il, servant de miroir à une époque complexe.
Ce rappel de son parcours exceptionnel souligne l’importance de Bloch non seulement comme historien, mais comme symbole de la lutte pour la liberté et les valeurs républicaines. L’esprit de résistance de Marc Bloch résonne d’autant plus dans une époque où les discours sur l’engagement civique restent d’actualité.
Une Reconnaissance Retardée
La question de la panthéonisation de Marc Bloch n’était pas nouvelle. Depuis 2006, un groupe d’historiens avait plaidé pour cette reconnaissance, mais la famille était réticente, préférant préserver l’intégrité de la mémoire de leur ancêtre. Il a fallu que le président lui-même prenne cette décision, quinze jours avant la cérémonie, pour concrétiser un hommage longtemps réfléchi. Ce choix se voulait aussi une conclusion symbolique à un cycle mémoriel marquant les 80 ans de la Libération de la France.
Hélène Seguret, arrière-petite-fille de Marc Bloch, s’est dite profondément émue par cet hommage, exprimant le souhait que cette panthéonisation augmente la visibilité de l’œuvre de son aïeul. « Nous espérons que cet hommage qui va lui être rendu permettra de faire connaître mieux, davantage, de faire rayonner son œuvre »,
a-t-elle déclaré.
Un Message d’Inclusivité et de Reconnaissance
Mr Macron a également pris le soin d’aborder la question des « malgré-nous », ces Alsaciens et Mosellans contraints de combattre pour l’armée allemande pendant l’occupation. Cette mention souligne l’importance de reconnaître les blessures du passé, signalant que « leur tragédie doit être nommée, reconnue et enseignée ». C’est une démarche essentielle pour mémoire collective et l’éducation historique. Ainsi, cet épisode a été programmé pour être intégré aux cursus scolaires des classes de troisième et de Terminale, soulignant l’importance d’éduquer les jeunes générations sur les complexités de l’histoire nationale.
Finalement, l’appel de la famille de Marc Bloch à ce que « l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation » à la cérémonie est une dernière note d’unité qui vise à préserver la pureté de cet hommage mémoriel. Mieux que jamais, cette cérémonie de panthéonisation rappelle l’héritage indélébile d’un homme qui, par son engagement, a façonné notre compréhension de l’histoire et du devoir de mémoire.
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