Châteauneuf-sur-Isère, France, le 26 août 2023 – Université d’été de la France Insoumise. Jean-Luc Mélenchon, discute avec Ali Rabeh, maire de Trappes, François Ruffin, député LFI, et Charlotte Leduc, députée LFI, à l’issue de la conférence intitulée « RN banalisé, macronie radicalisée : comment desserrer l’étau ? ». JULIEN MUGUET / JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE ».
C’est un moment parmi d’autres, aux Amfis de La France insoumise, près de Valence. Ali Rabeh, maire de Trappes, soutien de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle, observe, samedi 26 août : « On doit soigner la forme, on a été capables de passer du col mao au costume cravate, du maillot de foot à la chemise… » A côté de lui, François Ruffin et la députée LFI Charlotte Leduc, sur scène. Au deuxième rang dans le public, Jean-Luc Mélenchon et son col mao écoutent.
Pendant une heure et demie, dans un débat qui n’en est pas un – les trois élus sont d’accord sur tout ou presque – François Ruffin expose sa conviction stratégique : face au Rassemblement national, « il y a un problème ». « Un problème de ton, un problème de style », un problème de « guerre permanente sur Twitter » des leaders de la Nupes. Ce n’est pas nouveau, le député de la Somme estime que pour « aimanter » les électeurs qui se détournent du bloc libéral, il faut « rassurer, rassembler ». « On veut prendre la barre du paquebot France, on leur dit que la cale est trouée, qu’on est en pleine tempête, qu’il va y avoir un équipage pas très expérimenté, et on est en train de s’engueuler sur le navire. Pour donner confiance… », mesure-t-il.
Le fondateur du journal Fakir raconte son cheminement vers une plus grande « centralité », interroge ce mot de « radicalité » que revendiquent certains insoumis. « Quand on me dit radicalité, je nous demande est-ce qu’il s’agit d’être applaudi dans une AG de socio à Nanterre, ou de convaincre en Moselle, en Picardie, partout dans le pays ? », dit-il. « Pourquoi demeurer dans un risque de culture minoritaire ? », ajoute-t-il. Jean-Luc Mélenchon ne répondra pas, ce n’est pas prévu.
L’heure des questions arrive, une militante estime que ce dernier « peut faire un peu peur ». « Est-ce qu’on a une chance que Ruffin vous vous présentiez un jour comme candidat à la présidentielle ? » La question restera sans réponse. Le débat est fini, Jean-Luc Mélenchon monte sur scène et discute avec le député picard. Suffisamment longtemps pour que des photos immortalisent les deux hommes côte à côte. Les dernières images dataient, Ruffin n’étant pas monté sur la scène des meetings de la présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
Le rapport ambigu entre les deux hommes se met en scène à l’intérieur du théâtre insoumis, devant la presse et les militants. Longtemps, ça n’a pas été le cas. Si les intéressés se parlent, ils évitaient dernièrement de le faire en public. Désormais, l’émergence de l’un, la « mise en retrait » de l’autre, plus ou moins feintes ou assumées, se déploient aux yeux de tous. Pas vraiment un passage de relais, mais au moins une normalisation. Avant l’été, déjà, les deux hommes avaient débattu lors d’un séminaire ouvert notamment aux députés et assistants parlementaires, consacrés à la question des classes populaires. Sur ce sujet comme sur l’attitude à adopter pour lutter contre le RN, leurs avis divergent.
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