Le 17 juillet 2024, un débat crucial a eu lieu au Parlement européen à Strasbourg, où le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a eu l’occasion d’exprimer son appui à l’Ukraine. Ce soutien, bien que sincère, est vu d’un œil critique par certaines factions du parti, notamment les russophiles, qui le désignent sous le terme d' »atlantiste », un adjectif peu engageant. Au cœur de cette dynamique se trouve Pierre-Romain Thionnet, un néodéputé de 30 ans, à la tête du mouvement de jeunesse du RN. Bardella lui a confié la mission de redéfinir la position du parti sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Pierre-Romain Thionnet représente une nouvelle génération au sein de l’extrême droite française, plus encline à soutenir la résistance ukrainienne qu’à s’aligner sur les positions pro-russes traditionnelles. Sa nomination marque un tournant significatif pour le RN, qui a longtemps prôné un rapprochement avec la Russie, motivé par un antiaméricanisme profond et l’admiration d’un pouvoir perçu comme viril. À partir de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, certains militants radicaux ont même choisi de se rendre sur le terrain, s’engageant aux côtés des Ukrainiens, tout en véhiculant une vision de l’Ukraine comme un bastion de la civilisation européenne face à une Russie jugée multiculturelle et complexe.
Cette évolution au sein du RN soulève plusieurs interrogations. Dans quelle mesure cette reconfiguration des alliances va-t-elle influencer la stratégie du parti ? Quelles répercussions aura-t-elle sur les électeurs du RN, traditionnellement attachés à une vision pro-russe ?
Une nouvelle ligne pour l’extrême droite
Depuis des décennies, l’extrême droite française s’est construite sur des fondations solidement ancrées dans la fascination pour le pouvoir russe. Cependant, le vent semble tourner avec l’ascension de figures comme Thionnet, qui fait écho à une préoccupation croissante pour les valeurs européennes. Cette citation directe
illustre une volonté claire de s’éloigner des récits précédemment privilégiés.
En effet, la montée en puissance de la résistance ukrainienne face à l’invasion constitue un catalyseur de changements au sein du RN. La première motivation de ce balancement reste la nécessité de s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques, tout en cherchant à capter l’électorat désireux d’un positionnement ferme contre l’expansionnisme poutinien.
Un clivage au sein de l’extrême droite
La fracture qui se dessine ne touche pas seulement le parti, mais, plus largement, l’ensemble du paysage politique sénior et junior de l’extrême droite. Alors que certains continuent à défendre des relations privilégiées avec Moscou, d’autres, inspirés par Thionnet, envisagent l’Ukraine comme un véritable rempart contre la déstabilisation culturelle et sociopolitique de l’Europe.
Cette situation engage un défi important : comment concilier des positions variées tout en maintenant une cohésion au sein du RN ? Les enjeux sont multiples, et le chemin à parcourir pourrait se révéler semé d'embûches, d’autant plus que les militants radicaux, non alignés avec les nouvelles idées, continuent de porter un discours qui glorifie une alliance russe.
L’impact des luttes sociales
Le climat social actuel, marqué par des luttes pour les droits et les libertés en Ukraine, est particulièrement parlant. Les jeunes militants, qui prennent position aux côtés des Ukrainiens, témoignent d’un bouleversement au sein même de la doctrine traditionnelle de l’extrême droite. En défendant une Ukraine perçue comme une bastion de la civilisation européenne, ils contribuent à reconfigurer les valeurs culturellement enracinées dans leur discours.
Un regard porté vers l’avenir
À l’avenir, cette dynamique de changement pourrait bien influencer non seulement les discours du RN, mais aussi la perception des électeurs. Alors que le soutien à l’Ukraine s’affirme, il apparaît essentiel de questionner l’impact sur les futures élections et sur la stratégie de coalition que le RN pourrait envisager.
Les implications de cette évolution au sein du Rassemblement national sont significatives. Alors que le parti semble vouloir évoluer vers un positionnement ukrainophile, il pourrait potentiellement rassurer une partie de son électorat tout en attirant des nouveaux soutiens. Dans ce contexte, il devient crucial d’observer la tactique adoptée par Bardella et Thionnet, qui pourrait redéfinir davantage l’extrême droite française dans un paysage politique en profonde mutation.
Mots-clés: Rassemblement national, Ukraine, Pierre-Romain Thionnet, Jordan Bardella, extrême droite, Russie, géopolitique