Un blâme a été attribué au gouvernement sortant et une mise en garde a été adressée à l’équipe qui lui succédera. Dans un rapport dévoilé publiquement le 15 juillet, la Cour des comptes met en lumière une fois de plus la « situation dégradée » de nos finances publiques. Alors que la Commission européenne s’apprête à suggérer l’ouverture d’une procédure pour « déficit excessif » à l’égard de la France, les perspectives de redressement semblent incertaines pour le moment, malgré les mesures annoncées ou promises par Bercy depuis le début de l’année. Les magistrats de la rue Cambon à Paris insistent sur la nécessité de définir une stratégie solide pour revenir à l’équilibre, sans quoi les investissements cruciaux dans la décarbonation de l’économie et la transition écologique seront compromis.
Le rapport publié lundi fait état d’une année 2023 « très mauvaise » pour les finances publiques, avec un déficit représentant 5,5% du PIB, soit 0,6 point de plus que prévu. Plusieurs facteurs ont contribué à ce dérapage exceptionnel. Les recettes provenant des prélèvements obligatoires ont diminué de manière inattendue, et les choix du pouvoir en place ont également été critiqués pour leurs « carences ». Pour éviter un creusement supplémentaire du déficit en 2023, il aurait fallu renoncer à certaines baisses d’impôts et réaliser des économies réelles, ce qui n’a pas été le cas selon la Cour des comptes, en dehors de l’extinction des dispositifs exceptionnels de soutien face à la crise sanitaire et à l’envolée des prix.
Au sein de la zone euro, la France se positionne parmi les mauvais élèves, en particulier par rapport à ses principaux partenaires. Alors que l’Allemagne a maintenu son déficit stable en 2023, il a diminué en Espagne et en Italie respectivement de 1,1 et 1,2 point de PIB.
Au cours des cinq derniers mois, le gouvernement français a pris un certain nombre d’initiatives pour tenter de réduire les écarts. En février, il a annulé par décret environ 10 milliards d’euros de crédits prévus pour plusieurs ministères. Parallèlement, le taux de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité, qui avait été abaissé pour atténuer l’impact de l’inflation, a commencé à être relevé, ce qui devrait rapporter près de 5 milliards d’euros. Enfin, le 11 juillet, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a dévoilé – ou confirmé – une série de décisions qui devraient rapporter 10 milliards d’euros, dans le but de ramener le déficit à 5,1% du PIB en 2024.